L’éclairage public est devenu la nouvelle marotte des acteurs de la lutte contre la délinquance. Ils interpellent les maires qui louchent sur leur porte-monnaie. Et si la solution venait du solaire ?
L’éclairage public est encore aléatoire sur une île où dans les années soixante, un seul groupe électrogène sévissait en Petite Terre. Il est actuellement appelé de leurs vœux par tous les acteurs de la sécurité qui incitent à gommer ces zones d’ombres où sont susceptibles de se réfugier de potentiels délinquants.
Que la lumière soit, donc, mais pas trop énergivore, supplie Electricité de Mayotte qui entend bien retarder le lancement d’une troisième tranche de sa centrale de Longoni. Sans compter que Nicolas Hulot nous le répète, et fait même un tabac sur youtube, «il faut limiter à 2 degrés le réchauffement climatique d’ici la fin du siècle».
Le cours de l’histoire
Il ne s’agit donc pas de commencer à faire chauffer plein pot les cheminées de la centrale électrique de l’île alimentée au gasoil, cette énergie fossile dont on va tôt ou tard manquer. «Il ne s’agit pas non plus de tirer des câbles partout et d’ériger des colonnes de candélabres avec des lampes à sodium», rajoute même un brin moqueur Yacine Chouabia, directeur général d’EDM, «ça irait contre le cours de l’histoire».
Alors sur une île où ça transpire sec sous un rayonnement annuel continu, la solution est bien sûr de se tourner comme un tournesol vers notre astre solaire. Ou plutôt, d’y incliner des panneaux.
C’est la décision qu’a prise la commune de Pamandzi qui a installé plusieurs poteaux d’éclairage public alimentés au solaire. Une mini révolution vers laquelle se tourneraient bien d’autres municipalités si elles avaient des infos. «Je teste actuellement des poteaux avec éclairages à LED», indique Soulaimana Boura, maire de Bandraboua.
Le solaire au prix du classique, le coup de pouce en plus
Mais pas d’inquiétude, EDM bosse pour les mairies : « nous avons lancé une expérimentation sur une trentaine de lampadaires LED alimentés par le solaire, équipés de batteries de stockage. » Et qui ne demande pas mieux, si l’expérimentation est concluante, d’accompagner les collectivités et les services de l’Etat intéressés. « Une aide EDM sera même proposée pour l’acquisition de ces nouvelles technologies », complète-t-il.
«Il faudrait que je puisse comparer», nous lance Soulaimana Boura qui ne demande qu’à être convaincu, au vu de la consommation électrique de sa commune.
Il n’en fallait pas plus pour que Yacine Chouabia nous livre quelques chiffres, toujours à titre indicatif, en attendant la fin de la phase test de nos candélabres du 21ème siècle: lorsqu’un poteau électrique à sodium d’une puissance de 150 watts coûte entre 2.400 et 3.000 euros, pose comprise, il faut compter le même prix pour un LED solaire de 70 W, « de 2.500 à 3.000 euros ». Et c’est sans compter le coup de pouce d’EDM et de l’ADEME, dont on ne connaît pas encore officiellement le montant, mais qui pourrait faire fortement pencher la balance en faveur du solaire dans les budgets municipaux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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