Un des événements culturels des journées européennes du patrimoine s’apprête à fermer ses portes. Sur la place de la République, la boite à Debaa propose «une nocturne» ce samedi avec plusieurs Madrassati (groupes de femmes) pour terminer trois semaines de succès.
«Belles et fières». Voilà ce que retient Chloé Lesschaeve, de la direction des affaires culturelles (DAC) après 3 semaines passées à animer «Au cœur du debaa», la boite mystérieuse qui se dresse depuis 3 semaines sur la place de la République. «Les gens continuent à être intrigués. Les timides restent à l’extérieur et regardent le mur d’images et les curieux entrent. Ce qui est formidable, c’est que de nombreuses personnes se sont appropriées le lieu».
Certains sont revenus plusieurs fois, d’autres s’installent régulièrement à l’intérieur, surtout en fin de journée quand la chaleur tombe un peu, pour se laisser porter par les chants des femmes. Cette installation artistique faite de voilages et de projections, a ouvert ses portes avec les journées européennes du patrimoine. En 3 semaines, plus de 4.000 personnes ont visité la boite, certains traversant rapidement le lieu, d’autres profitant de l’ambiance pour se poser sur les nattes. Et les femmes mahoraises, nombreuses à être passées accompagnent spontanément les chants.
«Le sentiment de fierté des femmes est très fort. Elles nous demandent toutes de ne pas démonter la boite», s’enthousiasme Chloé Lesschaeve. Et pourtant, elle ne pourrait résister plus longtemps aux coups du soleil mahorais. Mais il restera pour longtemps les messages sur le livre d’or qui gardera l’émotion ressentie par beaucoup.
Un événement juste
«C’est la première fois que l’on organise un événement de ce type et il me semble que c’est un projet qui est juste». Il retranscrit en effet dans une modernité et une création artistique contemporaine, une des plus anciennes traditions de Mayotte. Elena Bertuzzi, chorégraphe et ethnologue de la danse et Laure Chatrefou, réalisatrice, ont réussi à raconter d’une façon très élégante et poétique un peu de l’âme de Mayotte.
«Nous avons eu 25 classes et des publics très différents. Notre surprise a été de voir que les jeunes du grand Mamoudzou ne connaissent plus le debaa, contrairement aux jeunes filles du sud ou du nord de Grande Terre qui le pratiquent plus facilement. Certaines ont reconnu que nous leur avions fait découvrir un peu de leur culture. Et ça, c’est très important», relève Chloé Lesschaeve.
Une ultime soirée
Ce vendredi après-midi, une classe de Petite Terre est venue s’installer dans la boite. Après des échanges sur l’histoire du Debaa et le sens des poèmes chantés, deux lycéennes membres de Madrassati ont partagé leurs gestes avec les autres et tout le monde s’est levé pour esquisser les mouvements de mains et d’épaules.
Avant que les voilages et les chants ne s’envolent de la Place de la République, la boite à Debaa s’offre une nocturne. Ce samedi soir, de 16h à 19h, cinq groupes de femmes, partie prenante du projet, vont venir chanter et danser autour de la boite pour prouver que la tradition n’est pas prête de disparaître.
RR
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