Le CHU de La Réunion et le CHM ont officialisé un partenariat dans lequel chacun semble y trouver son compte. Si les personnels de santé de Mayotte vont en bénéficier, les parcours de soins des patients mahorais seront également améliorés.
Les plus hautes autorités du système de santé de l’Océan indien réunies ce matin à Mamoudzou n’avaient d’yeux que pour lui. Ludovic Iché symbolisait le partenariat officialisé entre le nouveau CHU* de La Réunion et le CHM**.
Il faisait partie des premiers internes «Océan indien», ces futurs médecins hospitaliers qui ont eu le choix d’effectuer la fin de leur formation à La Réunion, à Mayotte ou dans les deux départements. C’est cette dernière option qu’a choisie Ludovic : il a réalisé deux ans d’internat au CHU puis deux autres à Mayotte.
Aujourd’hui «assistant», il achève, à nouveau dans les deux départements, sa formation de médecin urgentiste. Mayotte n’a pas encore de SAMU, il doit donc travailler six mois à Saint-Denis et six autres à Mamoudzou pour achever son cursus.
Ces va-et-vient des professionnels de santé sont les premières traductions concrètes de la «convention-cadre partenariat» signée par Etienne Morel, le directeur du CHM, et son homologue du CHU de La Réunion David Gruson.
La signature était toute symbolique car le rapprochement entre les deux entités ne date pas d’aujourd’hui : «Avant d’avoir un mariage, c’est bien d’avoir une période de cohabitation, plaisantait Chantal de Singly, la directrice de l’ARS (Agence de Santé) Océan indien. C’est la formalisation d’actions déjà lancées et un engagement pour l’avenir.»
Les urgences du CHM réorganisées
La liste des collaborations est longue : médecine (renforcer la présence de spécialistes), chirurgie (coopération accrue dans le domaine du cancer ou de l’anesthésie), soins de suite, traitement des grands brûlés, réanimations pédiatriques…
«Le CHM s’est fortement développé ces 10 dernières années en obtenant des moyens considérables pour développer certaines activités, relève Etienne Morel. Mais on ne peut pas tout faire seuls. On atteint nos limites. Nous n’avons pas tous les services, ni toutes les spécialités et ce partenariat nous permet de continuer à nous développer».
Autre exemple : pour répondre aux souhaits du Président de la République de domiciliation de chaque patient à moins de 30 minutes d’un service d’urgence, les médecins-professeurs (PU-PH***) de La Réunion sont venus former des médecins généralistes de Mayotte pour qu’ils deviennent des «référents SAMU». Cette réorganisation des urgences du CHM permet aux patients de bénéficier d’une qualité accrue des premiers soins, où qu’ils soient sur le territoire, avant leur prise en charge par l’hôpital.
Améliorer l’attractivité du CHM
Pour Peter Von Theobald, PU-PH en gynécologie obstétrique à La Réunion, «le but n’est pas de venir pour faire ce qui existe déjà. C’est un transfert de technologies. Il s’agit aussi de former des gens à Mayotte pour donner des plus-values aux carrières en offrant des formations à ceux qui viendraient de métropole ou d’ailleurs en Europe.»
Ce partenariat est donc également présenté comme une réponse à l’attractivité du CHM qui peine à recruter les spécialistes dont il a besoin.
Enfin, «dès le premier trimestre 2014», Mayotte sera dotée d’un SAMU dont la création est épaulée par La Réunion qui en dispose déjà. Dans l’avenir, les successeurs de Ludovic, le médecin «assistant Océan indien», pourront donc achever leur formation de médecins urgentistes à Mayotte.
RR
*CHU : Centre hospitalier universitaire
** CHM : Centre hospitalier de Mayotte
*** PU-PH : Professeur d’université – Praticien hospitalier
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