On parlait de léproserie sur l’îlot M’bouzi comme d’une période révolue. Mais la situation sanitaire se rappelle à nous : la lèpre est une maladie endémique à Mayotte et à la région Océan Indien, ainsi que le mentionne une étude de l’Institut de Veille Sanitaire dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
Le travail a porté sur l’ensemble des cas de lèpre confirmés par prélèvement et recherche bactériologique entre 2006 et 2011, identifiés par le service de léprologie du Centre Hospitalier de Mayotte.
La lèpre, ou maladie de Hansen, est une maladie infectieuse chronique qui touche essentiellement la peau, les muqueuses et le système nerveux périphérique. La maladie est transmise par des gouttelettes d’origine buccale ou nasale lors de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté et non traité. Elle est malgré tout peu contagieuse mais peut entraîner des infirmités sévères faute d’un diagnostic et d’un traitement précoces.
La période d’incubation de la maladie est de 5 ans en moyenne « mais les symptômes peuvent parfois n’apparaître qu’au bout de 20 ans », indique le site de l’Institut Pasteur.
Parmi les 17 pays totalisant plus de 95% des nouveaux cas déclarés en 2010, 9 sont sur le continent africain. De 2006 à 2011, 307 nouveaux cas de lèpre ont été diagnostiqués à Mayotte, ce qui en fait le département français le plus touché. Mais le nombre de cas détectés en 2011, rapporté à la population totale, est le plus bas, « une tendance à la diminution confirmée par l’absence de cas présentant un handicap de degré 2 parmi les nouveaux cas détectés ».
Les bacocos sont les plus touchés
L’importance du nombre de cas dans le 101ème département français est, selon l’Institut de Veille Sanitaire, imputable au travail effectué : « Campagnes de dépistage actif au sein des familles autochtones ayant eu au moins un cas de lèpre (…) associées à un renforcement des activités de formation des personnels de santé et d’information des malades en matière de dépistage ».
Les deux tiers des personnes atteintes sont des hommes et 74% ont plus de 15 ans. La plupart des cas concerne des malades marqués par plus de cinq lésions cutanées insensibles (multibacilaires).
Malgré le traitement à base de trois antibiotiques, pratiqué dans le cadre de la lutte antilépreuse, Mayotte est l’un des deux seuls départements français où la lèpre reste endémique, le second étant la Guyane. A La Réunion, une surveillance spécifique a été récemment mise en place « et pose la question de la sous-estimation de la maladie dans cette île ». Dans la région Océan Indien, Anjouan est le territoire le plus touché, « un des plus forts taux mondiaux ». C’est pourquoi l’étude préconise une coopération régionale dans ce domaine.
Face à l’éventualité d’une maladie sous-diagnostiquée à Mayotte, des actions de dépistage actif sont demandées. « Il est important de consolider la lutte antilépreuse et la surveillance à Mayotte pour pouvoir éliminer cette maladie », conclut l’étude.
Anne P-L.
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