Il ne s’agit pas ici de laxatif. Quoique… A la sentence « la santé par les plantes », les spécialistes de l’assainissement peuvent rajouter « l’hygiène par les plantes ». Car ce sont elles qui vont garantir la réussite du traitement des eaux sales qui sortent des habitations, eaux de vaisselle, eaux des toilettes, appelées effluents.
Face aux retards pris par les grosses stations d’épuration (STEP), que les communes, par leur Syndicat des Eaux et d’Assainissement (Sieam) doivent encore implanter, une solution existe, celle de l’assainissement semi-collectif. Elle prend la forme de micro stations, dont le territoire s’est déjà doté.
C’est la SIM, Société Immobilière de Mayotte, qui prend le relai à Combani, dans ses lotissements existants : « Sur nos deux lotissements de 70 logements à côté du Golf, le système d’assainissement existant devenait défectueux. Nous l’avons donc remplacé par deux stations de filtres plantés », explique Philippe Perot, Directeur de développement de la SIM. Un investissement de 333.192 euros pour la SIM.
Comme le montre le schéma, les eaux sales arrivent du lotissement par un poste de relevage et sont déversées dans les tuyaux en inox pour se répandre sur l’ensemble du bac en gravier et plantes qui vont filtrer.
Les eaux traitées sont ensuite récupérées et répandues dans la nature : « par cette méthode, nous obtenons 90% d’abattement (d’épuration, ndlr), alors que les normes européennes sont de 60%.», explique Rémi Lombard-Latune, représentant de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, qui assure le suivi de ces STEP sur l’ensemble des DOM.
Un gain sur toute la ligne puisque contrairement aux grosses stations d’épurations, elle ne demande que peu d’entretien : « tous les 3 jours et demi, il faut basculer les eaux d’un bac à l’autre, et un jardinier doit venir couper les plantes tous les deux ans», explique Bruno Greziller, cadre de la Police de l’eau à la DEAL,
Des tuyaux d’aération permettent le traitement aérobie, « limitant les odeurs ». En effet, s’il est certain que nous sommes autour d’une station d’épuration, aucune odeur violente ne vient agresser les narines. Deux types de plantes ont été choisies, la Clinogyne des Comores et les oiseaux du Paradis : « le système de racines qu’elles développent, permet l’oxygénation et évite le colmatage de la croute, ce qui empêcherait les eaux de s’infiltrer. »
Démonstration à l’appui
Un peu plus loin, la deuxième station d’épuration par filtres plantés est en expérimentation : « nous essayons d’optimiser la surface. De diminuer les 0,8m2 par Equivalent habitant, pas forcément jusqu’à les diviser par deux, mais pas loin », indique Rémi Lombard-Latune, qui précise qu’ils n’iront pas jusqu’à une limite basse malgré tout, pour préserver une marge.
Et nous avons eu droit à une démonstration d’un déversement : une fontaine envoie une eau trouble qui s’infiltre assez rapidement, pour s’écouler plus bas, une eau très claire cette fois, « qui fait l’objet de mesure obligatoire tous les ans. »
La station opérationnelle n’est en service que depuis un mois, « mais il y en a 7 à Mayotte, et qui fonctionnent parfaitement. »
Les communes intéressées doivent savoir que l’IRSTEA a obtenu l’année dernière des mains de la ministre Ségolène Royal le prix du génie écologique pour sa filière tropicale de filtres plantés végétale aux Antilles. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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