Alors que le marché de Noël battait son plein ce samedi au marché paysan de Coconi, le Lycée agricole remettait des mentions à ses meilleurs élèves. Leur avenir dans le secteur agricole n’est pas plus dégagé, mais la formation peut offrir d’autres débouchés.
De plus en plus d’établissements scolaires choisissent de sortir de l’intimité de leurs murs pour remettre leurs diplômes à leurs meilleurs élèves. Ce qui implique de réunir les lauréats de la fin de l’année scolaire passée. Les ex-collégiens et lycéens du Lycée agricole de Coconi avaient en grande majorité répondu présent ce samedi.
C’est en effet une particularité de cet établissement du second degré, d’accueillir dans son lycée des 4ème et 3ème : « la formation initiale qui a donné naissance à l’établissement, qui a évolué depuis vers la formation professionnelle en Bac Pro », explique Dominique Poussou, Chef de Service formation et développement à la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la Forêt.
Un taux de réussite moyen de plus de 87% aux examens, annonçait le proviseur du Lycée agricole, Guy Sommer, qui félicitait ses élèves : « Pour un établissement qui a la réputation de recruter par défaut, chapeau ! »
Ce n’est pas la formation initiale qui aura assuré cette performance, « les résultats du brevet, avec 54% de réussite, ne sont pas bons », déplorait-il, en remettant 9 diplômes du brevet des collèges avec mentions aux meilleurs élèves. Les CAPA, Certificat d’Aptitude professionnelle agricole, et les BEP agricoles, auront obtenu 100% de réussite, alors qu’en Bac Pro, il évolue de 54% à 87% en fonction des filières.
Une installation toujours difficile
Sur 105 candidats qui s’étaient présentés, 64 sont des garçons, dont 8 ont obtenu des mentions, les filles en auront obtenu 4. Ils sont 25% à être parti suivre des études à l’extérieur, « une mobilité satisfaisante », pour le chef d’établissement.
Difficile de savoir en revanche ce qu’ils deviennent ensuite, et le taux d’insertion dans les filières agricoles : « nous manquons de statistiques », nous confie Guy Sommer. Il se réjouit malgré tout d’avoir parmi les enseignants d’anciens élèves, « d’autres ont décroché des diplômes d’ingénieurs et travaillent au conseil départemental. »
La DAAF est l’autorité académique du Lycée agricole, une sorte de vice-rectorat-bis, dont le rôle est de développer la formation agricole dans chaque région. Dominique Poussou ne pouvait donc que se réjouir de l’évolution de l’établissement, « dont le premier ministre a pu inaugurer la nouvelle cuisine et a annoncé la construction d’un internat. » Des dotations ont suivi à en croire le représentant de la DAAF.
Les difficultés sont encore grandes pour les jeunes qui voudraient se lancer : les problèmes de foncier, de désenclavement des terrains pour y construire des infrastructures ou l’organisation des filières agricoles, n’ont encore que peu évolué. Et si l’espoir du proviseur l’incite à se tourner vers les Fonds européens, « ils vont nous permettre d’avancer », les freins que nous venons de citer risquent malgré tout d’avoir un effet bloquant néfastes pour l’avenir du secteur.
Tout dépend là encore d’une volonté politique partagée entre les élus et l’Etat.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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