L’Université régionale des Métiers de l’Artisanat est en train de voir le jour. Tranquillement… Un peu trop d’ailleurs pour le bouillonnant Jean-Denis Larroze, Secrétaire général de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, qui en exposait les motifs mardi dernier dans l’hôtel consulaire.
Tenir le répertoire des métiers, c’est une des grandes tâches de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA). A Mayotte, 2.965 entreprises artisanales sont répertoriées, dont 47% dans le Bâtiment, 30% pour les services, dont les taxis, le reste se partageant entre l’alimentation (boulanger, boucher, pâtissier) et la fabrication (bijoux, etc.).
Une proportion qui n’est pas logique pour Jean-Denis Larroze : « il n’y a aucun boucher sur l’île et seulement deux poissonniers. » Pour une île qui doit miser sur son lagon, c’est en effet paradoxal. Surtout, les ventes se font encore à la sauvette, même si les glacières ont fleuri sur les bords des routes, l’objectif est donc de structurer tout ça, « et d’aider les jeunes à trouver leur voie. »
Les premiers bouchers salariés
Et à l’écouter, il n’aime pas attendre des solutions qui viendront demain : « L’Education nationale nous a expliqué qu’il fallait 3 ans pour ouvrir une formation de boucher. Nous avons mis 3 mois, et les résultats sont là, avec des jeunes bouchers employés dans des grands groupes de métropoles et qui gagnent au minimum 1.800 euros par mois. »
La CMA a voulu pousser plus loin cette réussite de son Centre de formation des Hauts Vallons ouvert en 2009. Depuis 2015, l’Université régionale des Métiers de l’Artisanat a été créée : « Elle permet de former des artisans, des apprentis, de disposer d’un Centre de recherche, et propose d’externaliser les formations vers Anjouan ou Diana (Madagascar). »
Le conseil départemental se fait attendre
Car tout n’est pas encore bouclé comme nous l’explique Soulaimana Salimé, 1er Vice-président de la CMA : « L’Etat nous a versé 272.000 euros, soit 55% des besoins, mais nous attendons toujours l’accompagnement du conseil départemental qui n’a pas encore délibéré… »
Comme le rajoute Jean-Denis Larroze, « ce qui manque à Mayotte, ce ne sont pas les idées, mais la volonté d’aller vite et souvent, l’argent. » Il prend l’exemple d’un CAP qui coute deux fois moins cher que dans l’Education nationale, en partie parce que les contraintes ne sont pas les mêmes, « du coup, nous finançons deux jeunes au lieu d’un seul. »
Couture chez Hugo Boss
L’objectif de la CMA est de former des jeunes diplômés et mobiles, « deux atouts quand on est au chômage et parce qu’on ne pourra pas créer autant d’emploi qu’il y a de jeunes sur l’île. »
Ce sont plusieurs CAP qui seront donc lancés en 2016, en plus du CAP boucher, puisqu’il permettront de former des poissonniers, « pour être employé de marée ou commis poissonnier », des boulangers-pâtissiers, « axé sur la fabrication du pain, des viennoiseries et des desserts », des CAP de Couture-Flou, « qui apprendront la construction et la réalisation de vêtements souples et déstructurés », et qui partiront en formation pratique à Antsirabé dans les ateliers d’Hugo Boss, et le CAP Charcutier-Traiteur, « qui transforme la viande et confectionne des produits crus ou cuits our une consommation différée. »
Il a également l’ambition de lancer une pépinière d’entreprise, « pour laquelle nous avons déposé un dossier ficelé pour accès aux fonds européens en août, resté sans réponse. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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