CARNET DE JUSTICE DU JDM. Même à la barre, Baco Ali ne passe pas inaperçu et pas seulement pour sa corpulence et son franc-parler. Il était convoqué ce mercredi matin par le tribunal correctionnel pour s’expliquer sur les faits de violence qui ont enflammé Nyambadao le 16 décembre dernier.
Le boulanger du village, frère du chanteur, aurait été agressé par un individu et ce n’était peut-être pas la première fois. Des membres de sa famille, dont le célèbre chanteur, se sont portés à son secours. Alors que les gendarmes étaient parvenus à «exfiltrer» l’agresseur présumé, le chanteur aurai alors lourdement menacé les forces de l’ordre pour qu’ils rendent l’individu à la foule.
«On va se faire justice nous-mêmes parce qu’ici, il n’y a pas de justice. Si vous ne nous le remettez pas, vous verrez. Ce qui s’est passé à Paris n’est rien. Vous allez voir !» aurait-il déclaré aux gendarmes. Deux semaines après les attentats qui ont ensanglanté la capitale, la phrase avait un retentissement particulier.
Les gendarmes, face à la pression du chanteur et de la foule, avaient été contraints de se retrancher dans une maison en attendant les renforts. A l’issue de ces évènements, le chanteur avait été arrêté et placé en garde à vue.
Mauvaise interprétation ?
Pour Baco Ali, la phrase qu’on lui reproche a été mal interprétée. Il indiquait, en marge de l’audience, avoir voulu prévenir sur le sentiment d’impunité de certains qui risquent de commettre des actes bien plus graves que ceux que l’on connaît aujourd’hui dans notre département. Mais il n’a pas pu s’expliquer à la barre.
Son avocat, Me Nadjim Ahamada a demandé un renvoi de l’affaire pour préparer la défense du chanteur, de son vrai nom Mohamadi Saïd. Il est poursuivi pour «acte d’intimidation envers dépositaire de l’autorité publique».
Des concerts avant le procès
Le tribunal se retire alors pour délibérer et accepte le renvoi de l’affaire en fixant un nouveau procès au 17 février. Mais la date ne convient pas au chanteur qui quitte Mayotte le 6 janvier pour une tournée dans l’hexagone. Limoges, Lyon, Toulouse, Rennes, Le Mans, Marseille… au total, il enchaîne 17 dates de concerts entre le 9 janvier et le 5 mars avant de rentrer à Mayotte. Le 17 février, il ne pourrait donc pas être présent pour assister à son procès et ainsi présenter sa version des faits.
La cour est donc contrainte de se retirer une 2e fois pour prendre une nouvelle décision. Baco Ali étant placé sous contrôle judiciaire, il faut vérifier si une date plus lointaine est compatible avec sa situation. Finalement, il sera donc jugé le 11 mai 2016 et son contrôle judiciaire, qui lui interdit de rentrer en contact avec le jeune qu’il a menacé et de porter une arme, est maintenu.
«Faire confiance en la justice ? La dénonciation du plus fort est toujours la meilleure. Moi, si je dis la vérité, je ne sais pas quel poids ça peut avoir face à la parole des gendarmes», indiquait-il à l’extérieur de la salle d’audience.
Quoi qu’il en soit, la vérité judiciaire sera connue dans un peu plus de 4 mois.
RR
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