Les fidèles étaient nombreux ce midi pour la prière du vendredi à la mosquée de Labattoir, après l’acte de profanation perpétré dans la nuit du Nouvel an. Un appel à une marche de protestation a été lancé pour demain samedi.
La mosquée était bondée, ce vendredi midi, comme à l’accoutumée, pour la grande prière. Devant le lieu de culte, théâtre avant-hier d’un acte de profanation, les fidèles faisaient d’abord part de leur incompréhension face à cet acte toujours qualifié d’inacceptable. «Ca m’a beaucoup affecté, profondément touché», confiait un premier homme. «C’est de la provocation», pouvait-on entendre également, sans que personne ne sache vraiment quoi en dire.
Que dire en effet face à ce geste ? Deux individus à bord d’une petite voiture blanche ont jeté, en début de matinée du 1er janvier, une tête de porcelet en direction d’une des entrées de la mosquée du vendredi sans sortir du véhicule. Le Préfet et le ministre des Outre-mer avaient tenu à condamner « fermement » cet acte.
“Notre religion, c’est la paix”
«Nous sommes en colère, mais nous ne sommes pas dans un état d’esprit de revanche», confiait un autre fidèle ce midi. C’est simplement un geste qui n’a pas sa place dans notre société. Ici, les gens vivent ensemble et c’est inadmissible de voir certains essayer de monter les religions ou les gens les uns contre les autres.»
«Notre religion, c’est la paix, ce n’est pas la guerre, insistait un troisième. Et quelle que soit sa religion, on ne peut pas se faire justice soit même.» Un sentiment largement partagé, même si chez les anciens, la colère s’exprime plus ouvertement. Tous, en tous les cas, espèrent que l’enquête progressera rapidement.
«Je partage absolument ce sentiment”, affirme le nouveau procureur de la République de Mayotte, Joël Garrigue. “Je comprends que les croyants soient retournés et on fait en sorte que l’affaire soit vite résolue.»
Tracer les acheteurs
Le porcelet jeté en direction de la mosquée a été cuit et provient donc probablement d’un des rares points de vente à proposer ce genre d’animal entier à Mayotte. «L’animal a été vraisemblablement acheté entier pour faire une grillade pour les fêtes. Et ce genre d’achat n’est pas si courant à Mayotte. Nous espérons pouvoir facilement tracer les acheteurs, poursuit Joël Garrigue. Ce que j’espère, c’est qu’on ait à faire à des gens qui ont fait ça par excès de bêtise, sur le coup de l’alcool, plutôt que des personnes qui auraient commis ce geste à froid.»
C’est également le sentiment le plus répandu à la mosquée ce midi. Si l’acte s’avérait prémédité, les rancœurs pourraient être d’autant plus lourdes.
«Ce que je crains, concluait une jeune femme, c’est l’amalgame que certains vont faire entre ceux qui ont fait ça et l’ensemble des Mzungus (Métropolitains)».
Appel à témoins et marche blanche
Les autorités continuent à inciter tous ceux qui auraient pu être témoins d’un fait en lien avec l’affaire à se manifester. «Chaque détail insignifiant mis bout à bout permet de faire avancer les enquêteurs», insiste Joël Garrigue.
A l’issu de la prière, l’imam a confirmé l’appel à une marche blanche, demain, pour que ceux qui le souhaitent puissent exprimer leur mécontentement. Le rassemblement est prévu à 9 heures, aux abords de la mosquée.
RR
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