C’est la musique du Mgodro qui a attiré Abdou place de la République ce samedi matin. Des tentes y sont dressées par le réseau RéDiabYlang 976 qui a mis en place tout un circuit, presque un parcours de santé. Il s’agit d’informer la population sur cette maladie qu’on appelle le diabète, en donnant des armes à chacun pour éviter d’en être victime.
En arrivant, c’est Vincent Ngoie Mitenga, personne-ressource pour RéDiabYlang, qui accueille Abdou. Il lui apprendra que le diabète empêche une bonne assimilation du sucre dans l’organisme, les muscles, les tissus, pour continuer à circuler dans le sang. Un déséquilibre qui peut être grave. « Un jour, je me suis levé en ayant l’impression qu’il y avait du brouillard dans la pièce », lui explique-t-il. Les problèmes vasculaires sont en effet une des conséquences les plus grave.
Car les veines qui se bouchent peuvent aussi freiner la circulation vers les extrémités, « c’est pourquoi il faut surveiller attentivement les pieds, à cause du risque d’amputation », recommande Hugues Candaes, directeur de RédiabYlang 976. Des problèmes nerveux, une perte de la sensibilité, mais aussi une très grande fatigue, accompagnés d’une faim et d’une soif exagérées, et d’un besoin d’uriner plusieurs fois par nuit, sont les signes avant coureur qui doivent amener à consulter un médecin.
Sodas sous dépendances
En plus du traitement, celui-ci met le plus souvent en lien le patient avec le réseau pour qu’il apprenne à réguler sa glycémie au moyen d’habitudes simples. Et le petit déjeuner du matin en est un. Il faisait l’objet du focus de cette matinée à Mamoudzou, en proposant dans la salle du CDTM, de déguster plusieurs petits-déjeuner type : eau-pain-mataba (sans viande ni poisson)-papaye mûre, ou Tisane mahoraise (citronnelle, cannelle, gingembre, paraovi)-Crêpes-ananas, ou encore lait-flocon d’avoine-banane mûre.
C’est là que nous retrouvons Abdou qui nous rapporte les propos de la conférence donnée par la diététicienne, Stéphanie Durette : « On ne peut pas boire de sodas tous les jours, parce que notre corps ne peut plus gérer tout ce sucre. » A 60 ans, il nous assure qu’il va essayer de changer ses habitudes, mais surtout de manger davantage le matin. Ces sodas dont Hugues Candaes signale un effet addictogène, « les fabriquant rendent les consommateurs dépendants. »
Sport à tout âge
Comme elle l’avait expliqué aux lycéens de Dembéni, Stéphanie Durette rappelle qu’étymologiquement parlant, petit déjeuner signifie « rupture du jeûne », et qu’il était beaucoup plus grand qu’on ne le pratique aujourd’hui : « Nous devrions avaler 25 à 30% de notre apport énergétique le matin, autant que pour le repas du soir. Et 40% à midi, en concédant aux enfants 10% pour le goûter. » Assez logique, quand on pense à la dépense matinale, surtout à Mayotte où scolaires et salariés commencent une heure plus tôt qu’en métropole, à 7 heures, pour déjeuner seulement à midi.
Lorsqu’Abdou redescend du CDTM, c’est toute une batterie de tests physiques qui est proposée par le Comité Sport pour tous de Mayotte créé par Mansour Rabia : test de souplesse, d’équilibre, de sensibilité, de step, de génuflexion… Il vient déjà de dépenser une partie de ce qu’il a consommé il y a quelques minutes. Car, comme l’explique Hugues Candaes, « les gens mangent autant qu’avant, alors qu’ils se sont sédentarisés. La voiture, et les habitudes de consommation avec le soda, qui permet d’afficher une étiquette sociale, nuisent à la santé. C’est d’eau dont notre corps a besoin. »
Le Comité Sport pour tous de Mayotte tente de « rendre les gens autonomes, en pratiquant le sport chez eux, à l’aide d’une chaise ou d’un manche à balai. »
Donc, trop de sodas nuit gravement à la santé, et une bonne paire de tennis ne peut pas lui faire de mal !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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