Des lianes qui grimpent toujours plus haut, qui recouvrent la forêt et dont le poids finit pas faire s’effondrer les arbres : le scénario catastrophe pour les massifs forestiers de Mayotte est devenu une triste réalité dans de nombreux endroits du département. Il y a quelques mois, le JDM vous présentait une étude menée par Jacques Tassin, un expert du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) de Montpellier, à la demande de la DEAL et de l’ONF. Encadré par le département, ce travail avait permis d’établir des préconisations pour reprendre le contrôle face à ce phénomène d’envahissement. Les actions sont entrées dans une phase plus concrète.
Sur le Bénéra et le Bépilipili, un diagnostic a d’abord permis d’établir un état des lieux. Des actions de lutte physique contre l’enlianement massif ont ensuite débuté sur des zones ciblées y compris celles où les arbres ont pratiquement disparu. La méthode consiste à couper les lianes sur une certaine hauteur, l’espèce la plus largement visible étant la Merremia peltata ou «vahibé» en shimaoré.
Une fois séchée, environ un an plus tard, cette biomasse étalée au sol constitue un humus pour la régénération et, le cas échéant, les plantations.
Replanter des arbres de Mayotte
C’est ce qui se passe actuellement où un accompagnement de «la cicatrisation du milieu» a été lancé. Durant ce mois de février, puis en avril et en décembre, des actions de replantation et de semis vont permettre d’éviter que lorsque la forêt repousse, elle soit colonisée par des espèces exotiques qui gêneraient les plantes indigènes.
Ce sont 3,64 hectares de zones enlianées effondrées qui sont particulièrement ciblées. Peu à peu, une ambiance forestière va y être reconstituée et le cycle de la dynamique forestière progressivement rétabli.
Il est à noter que Mayotte est loin d’être la seule île de la région à faire face à ce problème. Cette liane constitue une problématique majeure dans l’océan Indien mais également dans le Pacifique. Il est possible qu’elle soit arrivée à Mayotte comme bon nombre d’espèces exotiques au XIXe siècle avec l’avènement de l’industrie sucrière et des cultures de rentes (huiles essentielles).
20% des réserves forestières envahies
Ce projet de lutte contre l’enlianement s’inscrit dans la continuité des actions entreprises récemment, dont un projet du Conseil départemental primé par le Ministère de l’écologie dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité. Il se place également dans les Orientations forestières de Mayotte.
Les forêts départementales et domaniales de Mayotte anciennement appelées «réserves forestières» s’étendent sur environ 15 % de l’île et abritent les derniers vestiges de la végétation forestière dite naturelle, riche en espèces indigènes ou endémiques. Quasiment 20% de la surface de ces massifs serait affectée par la prolifération de cette liane.
Ce projet de lutte contre l’enlianement de la forêt départementale des Monts Bénara concerne au total 21 ha. Il est financé à 75% par le Fonds européen agricole pour le développement rural et à 25% par le département qui est le plus grand propriétaire foncier de Mayotte. Il est notamment propriétaire des trois quarts des domaines classés en forêts publiques de l’île, soit 4.456 ha sur une totalité de 5.589 ha.
RR
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