Il avait placé la barre haut, mais était certain d’y parvenir : Tamhani M’madi explose les compteurs pour la pétition du Collectif des citoyens inquiets de Mayotte. Il en a remis ce samedi une copie au préfet Seymour Morsy.
Une pétition qui avait pour objectif 5.000 signatures et qu’un huissier vient d’attester ce jeudi 18 février à plus de deux fois plus, 12.642 signatures, « soit plus de 5% de la population, mais 10% de la population adulte », souligne-t-il, « le président de la République a réagi pour beaucoup moins que ça pour Jacqueline Sauvage ».
Car il attend une réponse forte et ferme de Paris, après que le procureur de Mayotte ait qualifié la situation de « catastrophique », qui pourrait devenir « cataclysmiques », si rien n’est fait.
Une pétition qui traduit l’échec de notre modèle démocratique, obligeant les citoyens à prendre la plume. Car si la population s’est ainsi mobilisée c’est qu’elle ne se sent pas écoutée selon lui : « Un jeune est mort dimanche dernier, et presque aucun média nationaux n’en ont parlé. Nous sommes un territoire de la République qui n’a pas l’impression d’être rattaché à la France. »
« Les jeunes diplômés ont peur de revenir »
Une mobilisation preuve de l’insuffisance du politique, à la fois sur place, « aucun élu n’a évoqué publiquement notre pétition », mais aussi à Paris : « Nous avons donc adressé la pétition à 577 députés de l’Assemblée nationale et à 25 membres du gouvernement. »
Les mesures, il les espère d’ici le mois d’avril, sans préciser de quel ordre : « Des mesures d’urgence à court terme, et à moyen terme une réflexion globale pour engager l’avenir du territoire et éviter la dégradation quotidienne que nous subissons. »
Car Tamhani M’madi n’en peut plus d’entendre parler quotidiennement de départs, « de voir les enfants partir finir leur scolarité ailleurs », « d’assister aux séparations des familles avec les seuls pères qui restent sur place ».
Surtout, il évoque l’échec d’un système : « On envoie nos jeunes se former en métropole, mais ils ont peur de rentrer, alors qu’ils représentent une plus-value pour le territoire. Ce sont des années d’investissement perdues. »
La balle sera dès la semaine prochaine dans la main de François Hollande, des ministres, et des parlementaires. Se la renverront-ils ou la transformeront-ils en décisions courageuses ? « Je ne peux pas croire qu’ils feront la sourde oreilles face à une telle mobilisation. » Les premiers échos se feraient déjà sentir sur place à Mayotte.
Sa victoire, c’est d’avoir fédéré, “toutes les communes de Mayotte sont représentées, nord, sud, est, ouest, et toutes les communautés.”
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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