Le colonel Azali Assoumani a été élu président des Comores, selon les chiffres officiels provisoires. Ils sont encore à prendre avec prudence. Avec 40,98% des voix à l’issue du second tour de l’élection présidentielle de dimanche dernier, Azali Assoumani reprendrait donc la magistrature suprême. L’ancien putschiste, qui a dirigé le pays de 1999 à 2006, devance le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou, qui ne recueillerait «que» 39,87% des voix.
La Commission électorale (Céni) a annoncé la victoire d’Azali Assoumani avec beaucoup de précaution car les résultats sont extrêmement serrés: Ces chiffres provisoires font état d’un écart de 2.000 voix seulement entre les deux candidats en tête. De nombreux bureaux n’étant pas encore comptabilisés, tout pourrait évoluer.
A ce stade, une chose semble acquise. Le 3e finaliste, Mouigni Baraka, gouverneur de la Grande-Comore, est nettement distancé avec 19,15%.
Retour aux affaires, 10 après
Azali Assoumani était soutenu par l’ancien président et toujours très populaire Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011). Né en 1959 au sud-ouest de Grande-Comore, il avait accédé au pouvoir une première fois lors d’un coup d’État, le 30 avril 1999, en pleine crise séparatiste à Anjouan. Il avait ensuite été confirmé à la présidence lors d’une élection le 14 avril 2002.
En décembre 2001, c’est lui qui a fait adopté la nouvelle constitution de l’Union des Comores par référendum, celle-là même qui instaure la présidence tournante entre les îles de l’Union et qui lui permettrait de revenir au pouvoir. Il devrait donc succéder à Ikililou Dhoinine le 26 mai 2016
Pourtant, tout n’est pas encore complètement joué. Après les soupçons d’irrégularités au 1er tour, le 2nd tour de dimanche dernier s’est déroulé dans un climat tendu et la lenteur de la commission électorale pour dévoiler le résultat n’a rien fait pour ramener la sérénité.
Les résultats anjouannais en question
Des incidents impliquant des partisans des différents camps ont émaillé le second tour dimanche à Anjouan. Dans certaines localités, des partisans d’Ahmed Abdallah Sambi ont été accusés de perturber le vote. Pour la Céni, ce sont ainsi plus de 6.600 personnes qui auraient été privées de leurs droits civiques parce que leurs bureaux ont été saccagés et fermés ou bien parce que les procès-verbaux ne sont pas conformes. Une dizaine de bureaux seraient concernés.
L’annonce des résultats provisoires a donc été faite pour respecter les délais de publication de 5 jours mais rapidement, le candidat du pouvoir a annoncé qu’il ne les reconnaissait pas. Parlant de «coup d’Etat institutionnel», Mohamed Ali Soilihi estime que les irrégularités ont empêché trop d’électeurs de voter. Il évoque même le nombre de 11.000 personnes concernées, pratiquement le double de celui avancé par la Céni.
La Cour constitutionnelle devra se prononcer sur cette question et sur la réponse à y apporter. Car si personne ne conteste les perturbations du vote à Anjouan, que faut-il faire à présent ? Mohamed Ali Soilihi demande une élection partielle à Anjouan, dans les «23 bureaux de vote sur 400 (qui) ne se sont pas exprimés», selon ses mots. «On veut que ces Anjouanais s’expriment et tant qu’ils ne se seront pas exprimés, je n’accepterai pas ces résultats», a-t-il déclaré… «Surtout que ces bureaux étaient en faveur de mon clan», croit-il savoir.
La joie des partisans d’Assoumani
En attendant, les partisans d’Azali Assoumani profitent de leur victoire annoncée. Eux aussi, comptent déposer des recours et sont persuadés de pouvoir encore creuser l’écart.
La presse comorienne rapporte des scènes de liesse populaire en Grande Comore mais aussi à Mohéli et Anjouan.
Ainsi à Moroni, «une foule dense a explosé de joie dès l’annonce des résultats provisoires de la Ceni», indique la Gazette des Comores. «Dès l’annonce des résultats, les sympathisants de la coalition CRC-Juwa se sont précipités dans la rue, laissant s’exprimer leur joie. Tous se sont dirigés vers le quartier général d’Azali situé à quelques mètres du Palais du peuple. Sur place, femmes, jeunes, enfants ont esquissé des pas de danse et chanté à tue-tête.» Mais peut-être était-il un peu tôt…
RR
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