Le Boeing 787, le «Dreamliner» est le dernier-né de la firme de Seattle et il représente un saut technologique majeur que la compagnie Air Austral est la première à franchir en France. «Le choix du Dreamliner ne s’est pas imposé comme une évidence», nuance Marie Joseph Malé, PDG de la compagnie réunionnaise. «Pour une petite compagnie comme la nôtre, il est bien sûr impératif de pouvoir gérer la flotte la plus homogène possible. Mon approche a toujours été de tirer Air Austral vers le haut. Nous aurions pu sélectionner un appareil à la technologie plus classique comme le B.767. Nous avons retenu un appareil qui représente un véritable bon technologique. En France, nous sommes des précurseurs.»
Le bon avion au bon moment. C’est ainsi qu’Air Austral voit le Dreamliner, restait encore à en faire un avion Air Austral. «C’est un peu comme lorsque vous achetez une voiture», précise Pierre Bosse, directeur général adjoint exploitation.
«Depuis que les deux B.787-8 qui nous sont destinés ont été sélectionnés, nous avons fait appel à un sous-traitant, une équipe d’experts de KLM qui, à Seattle, suit pour nous l’avancement des différents chantiers planifiés par Boeing suivant leur procédure de mise en service. Sur un avion, il y a beaucoup de parties cachées qui ne sont plus accessibles après la mise en service. Lorsque l’appareil nous est remis, il peut encore y avoir 200 à 300 réserves, rien de fondamental, mais que Boeing s’engage à corriger.»
Des techniciens embauchés, d’autres détachés
Mais, tout ne se limite pas à Everett. À la Réunion, toutes les équipes d’Air Austral sont mobilisées pour accueillir le B.787-8. C’est dans le domaine de la maintenance qu’Air Austral a ouvert un de ses plus gros chantiers. «L’entretien de cet avion présente de nombreuses particularités, matériau composite, importance de l’énergie électrique, de l’informatique, réacteurs Rolls Royce», explique Cédric Cadet, responsable du projet maintenance.
«Nous avons signé un contrat d’entretien avec Air France KLM qui assure déjà les visites de nos B.777 mais nous réaliserons localement un certain nombre d’opérations. Nous allons procéder à quinze embauches pour renforcer les équipes. Un technicien de Boeing sera détaché à la Réunion à partir de juin pendant cinq ans et un autre pendant un mois. Rolls Royce détachera un technicien pendant six mois.»
7 millions d’euros de pièces détachées
Et la compagnie a dû constituer un stock de pièces détachées à hauteur de 7 millions d’euros dont quatre millions pour les réacteurs soit 28 références. Le magasin de pièces détachées sera agrandi de 200 m2.
Frédéric Pitou était mécanicien dans l’armée de l’Air sur Mirage III E. Il est aujourd’hui chef de l’équipe technique chargé du suivi et du contrôle et fait partie des seize techniciens qui sont allés se former sur le B.787. «Notre formation pour le B.787 a duré neuf semaines dont sept de théorie avec 1 200 pages à digérer et deux semaines de manipulation des systèmes sur ordinateur, avec toutes les semaines un examen. Et enfin, deux semaines de pratique chez British Airways.»
Davantage d’électronique et de virtuel
Quant aux pilotes, Michel Gauthier, commandant de bord, instructeur et chef pilote B.777 et B.787 à Air Austral, sera de ceux qui iront à Seattle réceptionner le premier des deux Dreamliner, à la fin du mois de mai. Il totalise aujourd’hui 18.000h de vol.
«Pour ceux qui viennent du B.777, il n’y a pas de qualification complète B.787 », explique Michel Gauthier. « Nous pourrons piloter indifféremment les deux types d’appareils. La formation Dreamliner porte uniquement sur des cours de différences. Le poste de pilotage du B.787 est proche à 80% de celui du B.777.» La principale différence réside dans des panneaux virtuels et des projections de données devant le pare-brise du pilote.
Mayotte, une piste à reconnaître
Au sein d’Air Austral, 24 pilotes dont 14 commandants de bord ont suivi la formation Dreamliner avant son premier vol commercial. Aucune compagnie française n’exploitant le B.787, des pilotes de Boeing seront aux côtés de ceux d’Air Austral dans un premier temps. Trois instructeurs feront ainsi avec les pilotes réunionnais, 4 étapes courtes aux Etats-Unis pour prendre en main l’avion.
«Dans la foulée, il y aura le vol de convoyage. Nos collègues de chez Boeing resteront à la Réunion pendant un mois. Chaque pilote devra réaliser sous leur supervision quatre étapes sur Maurice et Madagascar avant d’être lâché.»
Mis pour Mayotte, la procédure sera un peu particulière. «Classé en catégorie C, le terrain de Dzaoudzi doit faire l’objet de reconnaissances dans la mesure où aucun simulateur ne reproduit à l’identique cet aéroport. Nous irons donc faire sur place quelques tours de piste. Comme pour le B.777, seuls les commandants de bord effectueront à Mayotte les manœuvres d’atterrissage.»
Il faut donc s’attendre à voir des rotations du Dreamliner au-dessus du lagon dès la fin de ce mois.
RR, Le JDM
avec le JIR.
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