Pamandzi accueillait ce samedi la quatrième opération Mayana Santé. Informations, dépistages et jeux, l’objectif est de faciliter l’accès à l’information et aux soins.
Sur son stand, Maoulida Amire est sûr de l’effet de son animation. Ce «médiateur-préventeur» a matérialisé au sol un parcours de quelques mètres. Il suffit de marcher en évitant les plots orange pour rejoindre l’arrivée. Mais ce n’est pas si simple de venir à bout de ce petit circuit avec les lunettes assez particulières qu’il vous invite à porter. Elles reproduisent les effets de l’alcool sur la vision et la perception de l’environnement. Tous les candidats, désorientés, titubent inévitablement.
«La consommation d’alcool a beaucoup augmenté ces dernières années, particulièrement chez les jeunes, explique Maoulida. On a vu que c’est important de remettre de l’information et de redonner du sens au message ‘boire ou conduire’ y compris pour les deux-roues. Avec ces lunettes ‘état d’ivresse’, on se rend bien compte de la perte de perception que provoque l’alcool ».
Ce stand fait partie de la Mayana Santé qui s’est installée ce samedi à Pamandzi. L’opération est à présent bien rodée. C’est en effet la quatrième du genre après celles menées dans trois villages de la commune de Mtsamboro en octobre. Sensibilisation aux gestes de premiers secours avec la croix rouge, dépistages divers (diabète avec Rédiab Ylang, MST et hépatite avec des équipes du CHM, déficience auditive avec l’ADSM*) ou information sur les questions de santé, la Mayana emmène professionnels et associatifs au plus près de la population.
«On est là pour aider»
«Avec la Mayana, l’objectif est de réduire les inégalités sociales et territoriales en matière de santé, explique Asma Chanfi, coordinatrice de l’atelier santé ville à l’IREPS**.C’est important de faire connaitre les structures de santé pour qu’ensuite les gens soient capables d’aller voir les bons professionnels quand ils ont des problèmes ou quand ils cherchent une information.»
Ces structures existent toutes depuis longtemps. Mais quand il s’agit de santé, on touche rapidement à des sujets sensibles pour lesquels un travail pédagogique permanent est nécessaire.
«Certes, les gens nous connaissent, relève Yacoub Adidja, animatrice relais au planning familial. Mais c’est souvent compliqué de venir chez nous. Les jeunes filles par exemple viennent nous voir quand elles ont un problème lié à la sexualité, que ce soit après un rapport non protégé ou quand elles ont un soupçon de grossesse non désirée. Alors, c’est toujours bien de visiter tous les villages pour rappeler quand on est là pour les aider.»
Un diagnostic global
S’installer au cœur des villages permet aussi de réaliser un travail de fond sur les besoins en matière de santé dans chaque territoire. «Nous sommes en train de réaliser un ‘diagnostic global’, dans le cadre du contrat local de santé, pour pouvoir adapter les actions en fonction des problèmes, explique Asma Chanfi. A Pamandzi, par exemple, on se focalise sur la santé des enfants. On va mettre en place un bilan des élèves dans les écoles primaires parce qu’on s’est rendu compte, qu’à l’entrée en 6e, certains ne voient pas bien.» Et le simple fait de porter des lunettes peut en effet changer et faciliter un parcours scolaire.
Toutes les communes n’ont pas encore signé ce contrat local de santé, mais l’IREPS espère convaincre de l’importance pour les municipalités de s’impliquer sur ces sujets. Au mois d’avril, la Mayana devrait s’installer à Passamainty.
RR
* ADSM : Association des déficients sensoriels de Mayotte
** IREPS : Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé
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