Une musique militaire qui raisonne dans le camp d’entraînement des Badamiers sur Petite Terre. Ce vendredi, les réservistes de la gendarmerie se préparent pour le 14 Juillet. Dans les conditions du défilé du front de mer de Mamoudzou de jeudi prochain, ils font des allers-retours sous l’autorité du Commandant Christophe Larroque, jusqu’à présenter une marche au pas parfaitement coordonnée.
C’est la 2e année que ces réservistes vont prendre part au défilé du 14 juillet à Mayotte. «On sait que se préparer pour le défilé, ça nous prend beaucoup de temps. Du coup, le choix de faire défiler la réserve représente un double avantage: les gendarmes des brigades peuvent continuer à faire leur travail et les réservistes sont mis à l’honneur», explique le colonel Jean Gouvart, commandant la gendarmerie à Mayotte.
«Bien sûr que c’est un honneur de défiler à Mayotte», confirme Abdou Ahamada qui a eu l’occasion de descendre les Champs Elysées le 14 juillet 2004 devant le président Chirac. «C’est là que tu ressens vraiment que tu fais partie de l’institution».
Dans la garde au drapeau
Abdou Ahamada sera parmi les hommes de tête cette année. Pour son 2e défilé à Mayotte, ce brigadier de réserve sera intégré à la garde au drapeau, ces 6 militaires qui encadreront le fanion de la gendarmerie. Il en est à sa 6e année de réserve après 7 ans passés dans l’armée, en particulier au 8e RPIMA (régiment de parachutistes d’infanterie de marine) de Castres, à 70km à l’est de Toulouse, une unité prestigieuse et respectée.
Deux missions au Gabon, d’autres au Congo Brazaville, en Côte d’Ivoire et au Tchad, avant un accident de la route qui l’empêche de partir en Afghanistan. Là-bas, son régiment tombe dans une embuscade qui fera 8 morts et 13 blessés.
«Après cet accident, je pouvais rester mais on m’avait déconseillé de continuer à sauter en parachute pour éviter d’autres blessures graves. J’ai arrêté», explique-t-il. De retour à Mayotte, il devient agent de sécurité à l’aéroport. Il fait partie des équipes qui assurent le contrôle des passagers et des bagages. «C’est grâce à nous que vous voyagez en toute sécurité», précise-t-il. Malgré sa vie nouvelle, il ne voulait pas s’éloigner totalement du monde militaire. Il intègre la réserve opérationnelle de la gendarmerie.
Sur le terrain 30 jours par an
Ils sont 40 actuellement à avoir fait ce choix à Mayotte dont deux femmes. Tous, participent à plusieurs journées d’entraînement chaque année. Et hier vendredi, le programme ne s’est pas résumé à prendre ses marques pour le défilé du 14 juillet. Exercices de tir, formations pour maîtriser les techniques de contrôle d’un véhicule ou d’une personne… Les réservistes bénéficient d’un encadrement nécessaire car tous les jours, certains d’entre eux assurent des missions dans notre département, aux côtés des gendarmes de carrière.
Ils sont sur le terrain, en moyenne 30 jours par an, pour épauler les gendarmes territoriaux ou mobiles. «Ils viennent en renfort des effectifs des brigades sur l’ensemble de nos missions de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine», précise le colonel Gouvart. Leur connaissance de Mayotte leur permet aussi de réaliser quelques missions particulières. L’un d’eux a même été affecté, en costume cravate, au contrôle des accès pour une réception lors de la visite du Premier ministre… «Il connaît tout le monde. Il assurait le filtrage», explique Jean Gouvart.
Dans l’exercice de leurs missions, les renforts de la réserve sont tellement nécessaires que le dispositif ne cesse de monter en puissance. «Les réservistes étaient 25 en 2014 et notre cible à atteindre est de 84 en 2018», précise le colonel Gouvart, un doublement en deux ans pour faire face aux enjeux sécuritaires actuels de Mayotte. Et les candidatures ne devraient pas manquer.
Un jeune motivé
Pour intégrer la réserve de la gendarmerie, il fait avoir un passé de militaire ou faire une PMG, une préparation militaire de gendarmerie. «Malheureusement, nous n’avons pas à Mayotte la ressource pour organiser une PMG», regrette le colonel Gouvart. C’est ainsi qu’un jeune mahorais s’est présenté à 3 reprises pour tenter d’intégrer la réserve, mais sans l’expérience nécessaire. «Il était prêt à se payer un billet d’avion pour se former en métropole à défaut de pouvoir suivre la formation à Mayotte… Il a même écrit au préfet!»
Le jeune homme partira finalement au mois d’octobre prochain à La Réunion pour suivre la fameuse PMG. Et l’an prochain, à son tour, il aura peut-être la possibilité de prendre part aux missions de la gendarmerie… et de défiler pour la fête nationale à Mamoudzou.
RR
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