Il faut aller vite. D’ici à la fin du mois de décembre, Mayotte doit disposer de son «Plan Climat Énergie Territorial» (PCET) pour passer à une phase concrète de réalisations. Ce mercredi matin, le département avait donc convié les élus, les services de l’Etat, les municipalités et les acteurs de la société civile et du monde économique pour lancer le chantier.
«L’objectif est de mettre en cohérence les différentes actions pour atteindre les objectifs et prévoir les changements à venir pour s’y préparer», explique Raïssa Andhum, la 3e vice-présidente chargée de l’aménagement et du développement durable.
Face aux enjeux du climat, Mayotte fait face à des impératifs que ses spécificités compliquent sérieusement. Sur le papier, nous sommes tenus d’atteindre 50% d’énergies renouvelables en 2020 et une autonomie énergétique en 2030, rappelle Matthieu Beguin Billicocq, du bureau d’étude AD 3E, chargé de la réalisation et de l’accompagnement de ce PCET.
Problème: actuellement, notre énergie est fossile à 94% et nous émettons déjà près de 4 tonnes de CO2 par habitant… sans avoir par exemple, d’industries polluantes et avec un parc automobile encore peu développé. Nous ne disposons que d’un véhicule pour 4 habitants, trois fois moins qu’à La Réunion, et notre démographie est bien plus dynamique.
«Compte tenu des projections d’équipement automobiles, on estime que le développement de la pollution devrait être exponentiel», prévient Jamel Mekkaoui, le responsable de l’INSEE Mayotte. La question des transports un «travail prioritaire», complète Michel Charpentier des Naturalistes qui appelle non pas à une évolution, mais à «une révolution» dans le domaine.
Anticiper les changements du climat
Mais faire face aux enjeux du climat, ce n’est pas seulement réfléchir à nos consommations d’énergie. C’est aussi se préparer concrètement à un impact réel des changements sur une île comme la nôtre. «Le problème de la gestion de l’eau et de l’évolution de la répartition pluviométrique» sont des points centraux, prévient Bertrand Laviec de Météo France Mayotte.
La vulnérabilité de Mayotte face à la montée des eaux ou l’impact sur la ressource en poissons doivent également être pris en compte, souligne Cécile Perron, du Conseil de la culture, de l’environnement et de l’éducation (CCEE) de Mayotte.
«La barrière de corail et les mangroves sont des éléments qui nous protègent mais qui sont aussi les 1ers écosystèmes menacés par le changement climatique. Il y a un double intérêt à intégrer leur protection pour nous préserver», précise-t-elle également.
Tous les acteurs veulent du concret
Autant dire que les 5 mois qui viennent promettent d’être denses pour sortir un plan complet et concret. Des ateliers thématiques sont prévus en octobre avant de valider une stratégie et mettre en place des politiques et un agenda de réalisations. «Oui, les projets ont du mal à sortir sur ce territoire, mais il ne faut pas baisser les bras», insiste Raïssa Andhum.
Déjà, la programmation pluriannuelle de l’énergie va entrer dans sa phase de consultation publique rapidement. «Pas un plan mais bien une programmation», insiste la préfecture, avec un agenda et des chiffrages d’investissements à réaliser dans les années à venir.
Tout le monde semble d’accord: Ce PCET ne doit pas être un rapport de plus, mais bien le chef d’orchestre de réalisations dont notre île ne peut pas faire l’économie. Rendez-vous dans les mois à venir pour savoir s’il est à la hauteur des enjeux.
RR
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