«Rassemblement à 9 heures, place de la République en soutien à nos sportifs privés de drapeau et de Marseillaise». L’appel à la mobilisation circule sur les réseaux sociaux à quelques heures de la cérémonie d’ouverture des 10es Jeux de la CJSOI (Commission Jeunesse et sport de l’océan Indien).
Cette cérémonie est prévue ce samedi, avec le défilé à 14h30 à Tananarive, en présence des 620 jeunes qui s’affronteront dans différents sports et actions culturelles.
À la différence des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) qui sont destinés les sportifs confirmés, ces Jeux de la CJSOI ne s’adressent qu’aux jeunes de la région, âgés entre 14 et 17 ans. Ils sont en provenance de 7 pays et territoires du sud-ouest de l’océan Indien: Comores, Djibouti, Madagascar, Maurice, La Réunion, les Seychelles et donc Mayotte.
Notre présence à cet événement sportif et culturel est relativement récente. Lors des 1ers Jeux à Maurice en 1995, Mayotte n’existe pas, de même que quatre ans plus tard aux Seychelles.
L’équipe diplomatico-sportive de 2001
La 1ère incursion mahoraise remonte à 2001. Cette année-là, à Madagascar, c’est la constitution de la fameuse équipe «diplomatico-sportive» dénommée «France de l’océan Indien» combinant La Réunion et Mayotte. Cette délégation, au sein de laquelle des jeunes des deux îles se mélangent, termine 1ère au nombre de médaille d’or (27 sur un total de 59 médailles récoltées).
Et puis en 2004, c’est à nouveau le trou noir. La Réunion, désignée comme le territoire hôte, n’organise finalement pas ces Jeux qui sont pour la 1ère fois «décentralisés», autrement dit éclatés entre Madagascar, Maurice, La Réunion et les Seychelles. Mayotte est absente, Djibouti est intégrée.
«Membre par résolution spéciale» de la CJSOI
Notre véritable entrée définitive dans ces Jeux des jeunes date de 2006, à Maurice, et notre palmarès y est même éblouissant : 3 médailles d’or, 1 d’argent, 7 de bronze.
Il faut dire qu’entre temps, nous avons été acceptés dans la CJSOI. Mayotte n’est pas devenue «membre à part entière», certains s’y sont opposés. Nous sommes acceptés en tant que «membre par résolution spéciale», le 14 décembre 2005. Mais attention: comme le rappelle le règlement intérieur de la CJSOI, nous sommes membre «sous réserve du respect des conditions suivantes» :
«Mayotte participe aux réunions de toutes les instances de la CJSOI sans droit de vote et avec voix consultative seulement»… Autrement dit, soit belle et tais-toi.
Deuxième condition: «En toute occasion/cérémonie nécessitant l’utilisation d’un drapeau national, elle utilisera celui de la CJSOI et n’arborera aucun symbole français».
Les hymnes nationaux bannis pour tous les pays
Pour autant, attention: nous ne sommes pas privés de Marseillaise mais seulement du drapeau tricolore lors des podiums.
En effet, la Charte des Jeux, stipule que «seul le drapeau et l’hymne de la CJSOI seront officiellement retenus pour les cérémonies d’ouverture et de clôture».
En revanche, pour les podiums («les cérémonies de victoire»), «les drapeaux des pays seront montés au son de l’hymne de la CJSOI». Donc, pas question d’entendre la Marseillaise pour la Réunion ni les hymnes mauriciens, comoriens ou seychellois… Mais bien l’hymne des Jeux pour tout le monde.
Seule différence donc, les jeunes des autres îles verront leur drapeau flotter au dessus de Tananarive en cas de podium.
On veut des podiums !
Et des places sur les podiums, justement, il va falloir en récolter car depuis le record de 2006 (11 médailles), c’est la disette. En 2008, nos jeunes rentrent avec 9 médailles (3 en argent et 6 en bronze remportées aux Seychelles), puis une seule en 2010 (en bronze à La Réunion) et une seule en 2012 (l’argent aux Comores).
En 2014, lors de jeux «décentralisés» pour cause de menaces terroristes dans le territoire hôte Djibouti, nos handballeurs avaient décroché l’or… Alors, au cas où Mayotte remporterait un titre, on vous montre tout de même à quoi va ressembler le drapeau qui va honorer notre victoire…
Rémi Rozié
www.jdm2021.alter6.com
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