A Mayotte, en plus de la bourse nationale, les étudiants perçoivent près de deux cents euros de compensation financière de la part du département. Le problème est que tous les ans, des étudiants dénoncent des retards de paiement pour cet argent. «On sait que ça n’est pas une obligation pour le département de nous le verser, mais dans ce cas, il faut dire qu’il ne veut plus le faire. Comme ça, on sait qu’on ne doit pas compter dessus…» dénonce une étudiante, qui assure avoir passé toute l’année universitaire «à découvert».
Ils étaient donc une vingtaine d’étudiants à marcher de la place de la République vers Ladom (l’agence pour la mobilité dans les Dom) située à l’ancien marché. «Stop à la médiocrité, honte à la Dasu», c’est derrière cette banderole qu’ils marchent et crient leur colère, avec au centre de leur récrimination cette ancienne Dasu, devenue «Direction des Politiques Scolaires Universitaires du Conseil Départemental de Mayotte (DPSU).
«Honte aussi à Ladom», disent-ils devant les locaux de l’agence. Des néo-bacheliers présents pour préparer leur voyage se distinguent de la manifestation et entrent dans les locaux. Moukhtar Soilihi, le directeur sort s’entretenir avec eux et leur propose une rencontre pour vendredi matin. Les étudiants demandent le retour à l’ancien système de commande d’avions.
La gestion des arrivées tardives à Paris
«Effectivement, certains d’entre eux ont du mal à trouver leurs billets vers Mayotte. Certains ont fait leur demande bien tardivement alors qu’on leur avait demandé de la faire avant fin mai», explique-t-il. Auparavant, la billetterie bénéficiait d’une proximité avec Austral voyage mais les choses ont changé. Une partie de la gestion serait repartie au ministère de l’Intérieur, avec des calages en cours. «Ces évolutions sont absolument nécessaires», insiste le directeur.
«Comment vont faire les étudiants qui vont voyager avec Corsairfly et qui vont arriver à 22 heures à Paris, quand il n’y a pas de train et qu’ils n’ont pas d’argent pour aller dans un hôtel, sur un territoire inconnu?», demandent de leur côté les manifestants au directeur. Ils n’auront pas de réponse, mais une date pour un rendez-vous afin de parler de tout ça. Ca sera vendredi matin.
Des revendications déjà satisfaites
Debré Ali Combo, le président de la Coba, la commission des bourses, estime que la plupart des revendications sont déjà acquises. Et il explique que les retards des versements de la bourse sont dus au retard d’envoi de l’attestation d’assiduité de la part des étudiants.
Dans la liste des revendications, les étudiants demandent «un suivi régulier des dossiers de la DPSU, le paiement régulier de la bourse, c’est-à-dire mensuellement comme le stipule les engagements «et non trimestriel, semestriel, voire annuel». Les étudiants réclament aussi «une bonne communication permanente entre les étudiants et les gestionnaires de la DPSU». Selon les jeunes, les retards de paiement de bourse sont réguliers, trop réguliers. Sur les pancartes en carton, on peut lire: «Dasu répondez au téléphone», «Dasu plus de professionnalisme dans votre travail»…
92% des étudiants seraient victimes de retard de versements
Yasmina Ali, étudiante en master à Lyon, vêtue d’un T-shirt blanc «honte à la Dasu», donne de la voix et prévient que les étudiants ne comptent plus se laisser faire. Pour eux, appeler la Dasu de Mayotte relève du parcours du combattant. «La personne qui s’occupe du dossier est en arrêt maladie, ou en congé maternité, ou en congé… Il y a toujours quelque chose et elle n’est pas remplacée», dénonce une étudiante en master de biologie.
Debré Ali Combo considère qu’il reste encore deux points à réaliser: «la régularisation des dysfonctionnements présents dans le nouveau site internet de la DPSU et une plus grande lisibilité dans la nouvelle procédure de constitution de dossier en ligne».
Le collectif «Entraide cours étudiants mahorais » a pourtant réalisé un sondage sur sa page. Sur les 3.000 membres, 221 bénéficiaires de la bourse ont accepté de répondre. Et 92% d’entre eux disent avoir des problèmes de versement de bourse.
Vendredi dans la matinée, les étudiants devront donc discuter de tous ces problèmes avec les responsables de la DPSU et de Ladom, dans l’espoir que les incompréhensions et les irrégularités dans les versements des prestations cessent, enfin.
K.A
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