Issa Issa Abdou l’avait annoncé lors de l’inauguration de l’antenne mahoraise de l’Institut régional du Travail social, 12 travailleurs sociaux viennent d’être recrutés. C’est tout frais puisque 9 d’entre eux sont à l’œuvre depuis le 1er septembre, 3 autres sont en cours de prise de poste.
C’est à la fois beaucoup et pas assez, comme le faisait remarquer l’élu, Chargé du social et de la santé. Les 100.000 euros prévus pour cette action, étaient débloqués alors que le budget du conseil départemental était en déséquilibre, « mais nous avons dit à la Chambre des comptes que nous ne transigerions pas sur ce poste, et que nous allions même l’augmenter. » Car les besoins du secteur social sont énormes, et les 5 assistantes sociales, les 2 aides médico-psychologiques, et les 2 éducateurs de jeunes enfants, ne vont pas chômer.
Issa Issa Abdou rappelait que dans le seul secteur de l’enfance, les 76 familles d’accueil prennent en charge 400 enfants grâce aux dérogations, « il y en a 3.000 isolés selon David Guyot. »
Fuite des travailleurs sociaux
Ce n’est pas encore l’organisation optimale dans la maison département, mais on part de très bas. Jusqu’à présent, les élus mettaient la charrue avant les bœufs, en formant sans recruter systématiquement, et du coup, perdaient l’attelage. Des 74 travailleurs sociaux formés depuis 2004 par la collectivité, au rythme de 4 par an, seuls 60% sont toujours dans la maison. Ils avaient pourtant investi 5 millions d’euros au total.
Issa Issa Abdou s’était plaint de cette fuite vers le CHM notamment, « nous devons trouver rapidement des conditions attractives pour les garder ». Il certifie que ce sera le cas pour les 12 recrues. Certains organismes d’Etat imposent à leur personnel formé de demeurer au sein de la structure pour une durée minimale. Un retour sur investissement légitime.
Des engagés non volontaires
Nous ne sommes qu’au début d’un processus de recrutement puisque dès cette année 20 moniteurs éducateurs seront formés à l’IRTS Mayotte, ce seront les éducateurs spécialisés et les assistants sociaux les années suivantes : « Nous commençons par identifier nos besoins, pour être certains de pouvoir recruter cette main d’œuvre formée », retrace l’élu.
Une des solutions aurait été de recruter en interne, « mais on ne peut pas forcer un agent à partir en formation s’il n’en a pas envie », répondait le responsable des ressources humaines. Un gros challenge de management en prévision.
Difficile de savoir quels sont les besoins exacts du département en terme de travailleurs sociaux, « nous fonctionnions sur une ancienne convention, à revoir donc », glisse Issa Issa Abdou. Qui arborait un sourire énigmatique : « Nous savons que le défi, notamment de l’enfance, est énorme à Mayotte. Et nous venons d’être entendus par le gouvernement grâce à la prise en compte du rapport de l’IGAS* », rapporte-t-il sans vouloir en dire plus, « c’est Ericka Bareigts elle-même qui l’annoncera. »
Reconnaissance par l’Etat
La ministre vient à Mayotte les 29 et 30 septembre et devrait sans doute annoncer la participation du gouvernement à la prise en charge de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui gère notamment les mineurs isolés. Les élus avaient obtenu cette avancée lors de leur rencontre avec Manuel Valls, la suite logique de l’amendement qu’avait fait voter le sénateur Thani Mohamed Soilihi. Il impliquait la reconnaissance par l’Etat de sa mission régalienne en matière de prise en charge des enfants en situation de danger et d’isolement dans les territoires ultramarins.
Le président Soibahadine se rend d’ailleurs avec une délégation d’élus à Matignon pour discuter du montant de la dotation régionale avant le vote du projet de loi de finance 2017.
En attendant, Samina et Hafssah ont commencé à travailler dans l’Unité d’action sociale de Petite Terre pour la première, et à l’ASE, « à la protection de l’enfance », précise la seconde qui arrive, comme deux d’entre elles, de l’Institut régional de formation sanitaire et sociale de Toulouse.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* L’exécutif avait demandé un audit du service social par l’Inspection générale des Affaires sociales
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