Dix jours pour passer en revue l’état de santé des espèces sauvages menacées. Depuis samedi, 180 pays sont réunis en Afrique-du-Sud par la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (CITES). Ces nations vont échanger sur l’évolution des populations de près de 500 espèces. Elles vont devoir trancher une soixantaine de propositions qui visent à assouplir ou durcir les restrictions commerciales concernant ces animaux menacés.
Lorsqu’on parle d’espèces en danger, on pense d’abord aux grands mammifères terrestres, gorilles, lions, pandas ou tigres. Cette année, les éléphants d’Afrique bénéficieront d’une attention particulière liée au fort déclin de leur population. Sur le marché noir, un kilo d’ivoire se négocie autour des 900 euros et le débat est lancé sur l’autorisation du commerce légal d’ivoire pour protéger l’espèce.
De même, le rhinocéros blanc, une des espèces les plus protégées, continue de voir sa population baisser. L’Afrique du Sud qui abrite 80% de ces 20.000 mammifères encore en vie, estime que 2014 a été la pire année avec 1.215 rhinos tués, la plupart dans le parc Kruger. Le commerce international de cornes de rhinocéros est pourtant interdit, mais là encore, le braconnage a explosé.
Dans les océans aussi
Parmi les autres espèces qui vont faire l’objet de longues discussions, les lions, les pangolins, l’un des animaux les plus braconnés au monde pour sa chair, mais également les requins. Car dans les océans aussi, les populations d’animaux sont en chute libre.
La Cites va étudier des propositions visant à ajouter les requins soyeux et les requins renard à la dizaine de requins déjà protégée. Là encore, c’est l’Asie qui est pointée du doigt, les ailerons de requins étant utilisés dans des soupes en Asie.
Les raies sont également menacées mais pour ces animaux marins, il est bien difficile de disposer de données fiables, le comptage est en effet presque impossible. Une donnée est pourtant acquise : leur rôle est crucial dans l’équilibre des écosystèmes marins. Pour bon nombre d’ONG, il est urgent que les pays membres de la CITES s’entendent pour éviter leur disparition.
15 espèces menacées à Mayotte
Et si on parle souvent du continent africain ou des océans, sachez que sur nos îles aussi, des espèces sont menacées. A Mayotte, on en compte 15 dont deux en situation critique: le héron crabier blanc, qui vit dans les mangroves et les zones humides et qui voit ses habitats se réduire ou être de plus en plus perturbés.
L’autre espèce en première ligne est la couleuvre de Mayotte, qui continue à être massivement détruite alors qu’elle ne représente pas de menace pour l’homme et qu’elle fait partie du patrimoine naturel de notre île.
Trois espèces de Mayotte sont également en danger (le martinet noir africain, la Grande aigrette et le héron de Humblot) et 10 autres sont considérées comme vulnérables (7 espèces d’oiseaux et 3 de lézards).
Les rats et les chats, ces terribles prédateurs
C’est dans ce contexte qu’une université australienne vient de publier une étude sur une des causes de la disparition des espèces : l’introduction par l’homme de prédateurs sur des territoires où ils ne vivaient pas. Premier sur la liste de ces exterminateurs, le rat est responsable de la disparition de 75 espèces: 52 oiseaux, 21 mammifères et 2 reptiles. Les seconds sur la liste sont… les chats! Les petits félins sont responsables, à eux seuls, de l’extinction de 63 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles depuis 500 ans !
Si on ajoute les renards, chiens, cochons, ou mangoustes, cette prédation est l’une des causes principales de cette perte de biodiversité car 87% des espèces disparues étaient endémiques aux territoires concernés.
L’étude australienne indique que toutes les régions du monde sont touchées, avec la disparition de 33 espèces en Amérique centrale et dans les Caraïbes, de 21 espèces en Australie, et de 20 à Madagascar.
La Nouvelle-Zélande également citée dans cette étude compteraient 15 espèces disparues à cause de ces nouveaux prédateurs. Le pays a d’ailleurs pris une mesure inédite. Il a annoncé, il y a quelques semaines, qu’il lançait un plan d’action gigantesque pour faire disparaître toutes les espèces introduites sur son territoire. Il se donne un objectif pour y parvenir: avant 2050.
RR
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