Plus question de minimiser la crise sécuritaire que connaît Mayotte. Pour entamer sa visite dans notre île, la nouvelle ministre des Outre-mer a choisi le sujet de la sécurité pour sa première prise de parole et rappeler que la question est désormais attaquée de front.
Logiquement, Ericka Bareigts a d’abord salué l’engagement «intense» des forces de police qui «chaque jour travaillent au service des citoyens». La ministre a reconnu, sans détour, que «plus qu’ailleurs», la sécurité est un sujet majeur de préoccupation alors que la délinquance a augmenté «en 2015 et durant les 6 premiers mois de 2016» de façon «très importante».
Pour Ericka Bareigts, il était donc urgent de mener «des actions concrètes, rapides et efficaces» face à cette situation: c’est le sens du plan «Mayotte sécurité pour tous» présenté le 2 juin dernier par les ministères de l’intérieur et des Outre-mer, un plan destiné à «faire face aux nombreux enjeux en matière de délinquance et d’immigration». La ministre a été claire: «ce n’est pas un énième plan» sur la question, il s’agit d’un programme d’actions pour plus de sécurité au quotidien, «plus de sécurité pour aller à l’école, plus de sécurité pour aller à la plage», a-t-elle insisté.
Des renforts pour la gendarmerie et la police
La ministre est revenue sur des éléments importants de ce plan. D’abord, ce sont des renforts qui sont déployés dans notre département, avec en particulier 88 gendarmes de plus et l’installation d’une unité du GIGN «qui a déjà permis des interpellations sur les plages et les chemins de randonnées», a-t-elle rappelé, faisant référence aux arrestations intervenues aux abords de la plage de Soulou ou sur une plage de Kani-Kéli ces derniers jours.
A une question du JDM, la ministre indique également que d’autres effectifs viendront renforcer le groupement de proximité, ces patrouilles de police qui sécurisent Mamoudzou en fin de journée et le soir.
L’action de la ville de Mamoudzou
Avec la signature de cette convention, la ministre souligne également l’importance de la police municipale dans les dispositifs de lutte contre l’insécurité. Pour elle, les policiers municipaux permettent d’abord de «préserver le lien entre la population et les forces de l’ordre» et ils jouent un rôle important dans la plan «Mayotte sécurité pour tous». Il s’agit en effet de mobiliser tous les acteurs, Etat, municipalités et justice, dans une «volonté commune de travailler ensemble».
Reçue par Mohamed Majani, le maire de Mamoudzou, la ministre a salué l’action de la municipalité pour former et équiper sa police municipale «d’outils efficaces et modernes» pour «répondre à un besoin de sécurité» et «préserver la tranquillité» des habitants.
Davantage de coordination
Avec cette convention, il s’agit d’aller plus loin. L’objectif de ce dispositif est en effet d’entrer dans une phase concrète de «mutualisation des moyens», pour une «complémentarité de l’action» des polices nationale et municipale. Après «plusieurs mois de travaux», c’est donc une coordination accrue entre les deux entités qui se met en place, avec un partage de l’information, en particulier avec des moyens de communication radio plus importants, et des «missions claires», comme sur la prévention de la violence scolaire, la lutte contre les trafics de stupéfiants, la surveillance des espaces publics.
La ministre rappelle également que le «plan sécurité» vise plus largement à «développer les partenariats avec les élus» pour améliorer, en particulier, l’environnement de la jeunesse.
Un poste créé à la préfecture pour le plan sécurité
Pour que ce plan donne des résultats, le ministère des Outre-mer compte suivre attentivement, avec le ministère de l’Intérieur, l’application de ces mesures. Ainsi, un interlocuteur en soutien de ce plan sera nommé à la préfecture de Mayotte. Il sera chargé de «développer les actions et les mesures et de coordonner les efforts». Ericka Bareigts indique également que le préfet «veillera à l’utilisation des fonds interministériels de lutte contre la délinquance».
Mais si la mairie de Mamoudzou a reçu un satisfecit pour son engagement, la ministre rappelle également que partout, les communes ont un rôle essentiel à jouer pour rétablir la sécurité, en particulier en mettant en place des plans pour l’éclairage public, un «préalable» à de nombreuses actions.
Au final, c’est peut-être le mot «ensemble» se lequel la ministre a le plus insisté lors de cette première prise de parole. Etat, communes et justice, mais aussi gendarmerie, police nationale et polices municipales, une unité «nécessaire» pour «être les plus performants possible» et «s’engager avec fermeté» contre l’insécurité.
La rédaction
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