Pour expliquer ce retard Mohamed Sidi, le 6ème vice-président Chargé de la coopération décentralisée et des affaires européennes au conseil départemental, souligne que “le Programme départemental de la Coopération européenne n’a été validé que le 25 novembre 2015”. Il y a quand même un an…
Les lenteurs du côté de la préfecture de Mayotte ne devraient plus être qu’un mauvais souvenir avec l’enrichissement de la Cellule Europe de nouvelles compétences, soulignée par la ministre Ericka Bareigts la semaine dernière.
Le Comité de suivi a donc été installé ce lundi dans l’hémicycle Younoussa Bamana, co présidé par le préfet et Mohamed Sidi, en présence de représentants de la commission européenne, de l’ambassade de France aux Comores, du Conseil Régional de La Réunion. Il aura permis de valider les critères d’attribution, le règlement intérieur, et les trois axes d’utilisation des fonds : le développement économique, la santé, la formation et l’éducation.
Arroser et non saupoudrer
L’enveloppe de 12 millions d’euros de la période 2014-2020 n’a donc pas encore été entamée. La prochaine étape porte sur l’élaboration de fiches actions, « elles seront finalisées dans 2 mois. » On peut donc considérer que l’année 2016 ne verra toujours pas de lancement de projets en coopération régionale… Qui est pourtant une des clefs de notre propre développement.
Elle devait être tripartite, Mayotte-Comores-Madagascar, mais la Grande Ile a décliné, officieusement en raison des tensions autour de la revendication des Iles Eparses. Une fois que les dossiers seront déposés, et il faudra une validation de la part de l’Union des Comores. N’oublions pas que la coopération transfrontalière est basée sur un principe gagnant-gagnant. Facile pour notre région puisque tout projet de développement à 80 kilomètres de notre île ne pourra que participer à la fixation des populations sur place, limitant l’immigration illégale.
Ce n’est pas la première fois qu’une coopération régionale est lancée avec les Comores, mais il s’agissait jusqu’à présent de saupoudrage de la France. De multiples petits projets qui bien souvent ne passaient pas le cap d’une année.
3 années de plus pour mener les projets
Le GTHN, Groupe de Travail de Haut Niveau de 2007, n’a pas eu le succès de sa prétention, lui a succédé le Haut Conseil paritaire (HCP), et une des premières initiatives politiques sérieuses avait été menée par une mission de Jacques-Martial Henry et de l’ancien président Douchina en 2013.
Si certains ont toujours une frilosité intellectuelle mal placée à l’idée d’un codéveloppement avec les Comores, les acteurs économiques et sociaux à Mayotte ont la ferme volonté de développer massivement une coopération qui permettra un enrichissement mutuel, seule parade au fossé de richesse qui se creuse entre nos territoires. De plus, la petitesse de notre île est un frein au développement de nos entreprises qui ont besoin d’accroitre leurs parts de marché sur la région. Quelques entreprises fonctionnent déjà en coopération économique, avec toujours l’aléa des visas.
Un retard pour un gros allumage espère-t-on, malgré le faible nombre de porteurs de projets présents ce lundi. Les contraintes de temps liées aux décisions impliquant plusieurs régions dans les programmes de coopération ont été intégrées par l’Union européenne, qui prévoit que les dépenses sont éligibles trois années après la dernière année du programme, soit jusqu’au 31 décembre 2023.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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