L’ensemble des territoires nationaux avaient jusqu’au 2 octobre pour se prononcer sur la Stratégie nationale pour la Mer et le Littoral. Pays dont l’espace maritime en fait le deuxième du monde, avec plus de 11 millions de km2, et le premier domaine sous-maritime grâce à l’extension de sa Zone Economique Exclusive, mais qui n’a plus de ministère de la Mer. Ce manque de reconnaissance en Hexagone se traduit dans les politiques pratiquées en Outre-mer.
Tous les axes d’action sont donc bons à prendre. Et celui qu’offre la consultation de la Stratégie nationale pour la Mer en est un. Le conseil départemental de Mayotte n’a pas laissé passer cette occasion, et Fatima Souffou, la 1ère vice-présidente, a d’ailleurs évoqué les problématiques de Mayotte le 22 septembre à Paris, à l’invitation du Conseil national de la Mer et du Littoral, en présence de la navigatrice Catherine Chabaud, Déléguée à la mer et au littoral.
A l’image de la volonté affichée à Paris de voir le SNML comme un levier de développement économique du pays, Mayotte a partagé ses objectifs : la transition écologiques pour la mer et le littoral, le potentiel de développement de l’économie bleue, le bon état écologique du milieu marin et la préservation du littoral « la mangrove ici », et le rayonnement de la France, très vrai dans notre zone, « Mayotte se situe sur une des plus grandes routes commerciales de la planète », a souligné le conseil départemental à Paris.
1% des emplois lié au maritime
Puisque les Plans (dont le PADD) et Schémas (le SAR n’est toujours pas validé), se succèdent mais n’aboutissent à rien autant se saisir de cette SNML qui permet d’envisager un avenir maritime pour notre île.
Madi Siaka Saïd Soilihi, qui porte la Stratégie au conseil départemental, partage la même vision de long terme que la vice-présidente présidente Fatima Souffou : « Au lieu de regarder les problèmes au jour le jour et ne faire que du conjoncturel, nous pouvons enfin donner de grandes lignes directrices et lister les problématiques qui sont d’un ordre structurel. » Un chiffre résume à lui tout seul le retard d’une île qui est, pardon pour le pléonasme, entourée d’eau: « seul 1% de l’emploi est lié aux activités maritimes à Mayotte», rapporte-t-il.
Il revisite nos trois problématiques essentielles. A commencer par les déversements des eaux usées et un assainissement à la traine : « Arrêtons avec les micro stations qui tombent en panne les unes après les autres, et qui multiplient les infrastructures et l’appel au foncier. Repositionnons nous sur les grosses stations d’épuration. »
Où sera le 1er port de pêche ?
La 2ème est la dégradation continuelle du lagon : « Le problème vient de la côte. Nous expérimentons les replantations de plazzas pour éviter le déversement de sédiments, mais il faut surtout surveiller l’habitat sauvage qui s’étend chaque jour un peu plus, et qui plus destructeur pour le lagon que l’implantation de gros équipements. Les mairies doivent former leurs services techniques et leurs policiers municipaux pour contrôler tout ça. »
Et le 3ème point concerne les équipements structurants : les ports de pêche et de plaisance. Une étude avait été lancée par la Chambre d’agriculture et de la Pêche (CAPAM) pour identifier les zones d’implantation : « les sites de Nyambadao, de Mtsapéré, un en Petite terre, un au nord et un autre sur la façade ouest avaient été validés par un arrêté préfectoral. Cela permettrait à ces sites de débarquement d’émerger au fonds européens FEAMP. » Une enveloppe insuffisante pour lancer les travaux sur l’ensemble des sites, mais qui devrait malgré tout permettre de travailler déjà sur les projets les plus aboutis, comme celui de Bandrélé.
Quant à une marina pour la plaisance, les « voileux » de l’île en rêvent ! « Mais le foncier bloque pour l’instant ». Elle serait envisagée sur Petite Terre et Mamoudzou.
L’échéance est lointaine, « la rédaction du document de la SNML doit être terminé fin 2018. » Mais l’Etat qui en a la maîtrise d’ouvrage, n’aurait pas encore convié les services du département, « nous avons donc envoyé notre avis au Comité sud de l’océan Indien en attendant. »
L’opérateur indispensable de la connaissance de notre milieu marin serait un centre de recherche, mais pour l’instant, ni l’IFREMER, ni un autre, n’est annoncé…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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