30.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeDix cadis prêts pour le service

Dix cadis prêts pour le service

Remise des diplômes et lancement du nouveau DU
Remise des diplômes et lancement du nouveau DU

En devenant département, Mayotte savait qu’elle signait la mise à mort de ses cadis, du moins de leur rôle de juge de paix. Depuis, ils sont passés par un long sas de décompression, « on attend que l’Etat nous trouver un statut », nous avait glissé un ancien Grand Cadi. Beaucoup, dont le député Aboubacar, se sont battus pour trouver une formule qu’ils pourraient investir, administration cadiale ou autre.

La démarche a été boostée par les débats nationaux sur la laïcité et la religion, et la position de médiateur dans de violents conflits sociaux, qu’a assumé spontanément et avec réussite l’ancien porte-parole des cadis, Mohamed El Nassur. Ses interventions publiques où se retrouvaient les intérêts des deux cultures, judéo-chrétienne, et « mahero-musulmane », ont fini par convaincre qu’une carte était à jouer à Mayotte, débouchant sur l’intervention de Manuel Valls, « qui annonçait en juin 2015 sur les ondes de Mayotte 1ère son intention de proposer aux cadis d’exercer dans la médiation sociale », rappelle Laurent Sabatier, président du Tribunal de Grande Instance.

Médiation sans conciliation

Saïd Maoulida, la major, entouré de Guy Fitzer, de Laurent Sabatier et d'Aurélien Siri
Saïd Maoulida, la major, entouré de Guy Fitzer, de Laurent Sabatier et d’Aurélien Siri

C’est d’ailleurs lorsqu’ils ont entendu l’ancien porte-parole des cadis déclarer que « la laïcité, c’est le droit de ne pas croire », comme le rappelait encore Laurent Sabatier, que les représentants du ministère de la Justice « ont décidé de restaurer la place des cadis dans la société mahoraise, en deux phases. D’abord en s’éloignant des phantasmes négatifs véhiculés autour de la religion musulmane en reconnaissant que les cadis pratiquent un islam d’une extrême tolérance, sur laquelle a rebondi le préfet Morsy en lançant un premier DU, puis en leur proposant d’intégrer la médiation sociale, et non plus la conciliation », puisqu’ils ne peuvent plus « dire le droit, avec le risque de préjuger de ce que la justice pourrait rendre. »

En tant que représentant de l’Etat, le sous-préfet chargé de la cohésion sociale Guy Fitzer, rappelait que « dans un contexte international tourmenté, la lutte contre l’extrémisme est centrale. Le DU Valeurs de la République et Islam est une pierre pour construire la maison commune de la République française. »

Même si l’extrémisme est la préoccupation du moment, et que, comme le rappelait justement le sous-préfet, on ne se lassera jamais de répéter que « Mayotte peut être une référence pour tout le territoire national », on ne peut envisager la pratique de la religion musulmane à Mayotte que sous ce prisme, au risque de stigmatiser sans en avoir l’intention.

Appréhender les complexités de la République

Il va falloir faire vivre ce diplôme dans le cadre de la médiation
Prêts à mettre en pratique ce diplôme dans le cadre de la médiation

Les 10 cadis lauréats vont donc devoir faire vivre leurs diplômes, avec leurs nouveaux acquis, comme nous l’explique Assani Boina, secrétaire des cadis : « Je ne maitrisais pas certains domaines, comme la signification de la laïcité, les devises de la République et le positionnement qu’elle exigeait d’un ministre du culte. Nous avons aussi beaucoup appris de l’Histoire de Mayotte, les rapports avec la France, les Comores, les Nations Unies, et ce qu’était la liberté de conscience. » Mais ils vont devoir aussi répandre la bonne nouvelle auprès des fundis et des maître coraniques, « ils intègrent le nouveau DU justement », précise-t-il.

Pas la peine d’assurer la promotion du nouveau « Diplôme universitaire Valeurs de la République et religions », il affiche complet, nous précise Aurélien Siri qui en a la charge. Ce nouveau DU élargit donc le champ religieux pour harmoniser son programme avec les 14 existants en métropole, et être reconnu, pour notamment obtenir les mêmes soutiens financiers. « Pour l’instant, nous bénéficions d’une prise en charge pour moitié par la politique de la ville de la préfecture de Mayotte, ainsi qu’une participation du ministère de l’Intérieur », précise l’universitaire.

Le cadi Assani Boina aux côtés de Laurent Sabatier
Le cadi Assani Boina aux côtés de Laurent Sabatier

Ils sont 35 à retourner sur les bancs de la fac, « ça me plairait si j’avais le temps », glissait Guy Fitzer. 16 d’entre eux étaient inscrits au cycle long de deux ans du DU initial, dont des cadis et des secrétaires greffiers, d’autres sont des agents du conseil départemental, comme Younoussa Abaine, le directeur du service de la Médiation et de la Cohésion sociale, et de la préfecture, comme l’adjoint du Guy Fitzer.

Comme toute promo, un major s’est distingué : il s’agit de Saïd Maoulida, « étant donné ses compétences, nous l’avons torturé à l’oral ! », plaisantait Laurent Sabatier, pendant qu’Aurélien Siri félicitait leur enseignante en Arabe et Civilisation, Leïla Al Ardah, pour son implication, et les juges membres du jury Laurent Sabatier et Bertheline Monteil.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139517
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139517
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139517
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139517
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139517
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139517
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...