C’est une des données les plus surprenantes de l’étude «Logement» publiée par l’INSEE: environ 1.500 ménages à Mayotte, vont à la rivière pour chercher leur eau.
C’est pourtant le domaine où les choses ont le plus évolué. En 2002, 75% de la population ne disposait pas d’eau courante dans son logement. En 2013, ce taux est tombé à 28% (soit 14.900 ménages mahorais). «C’est le grand changement de cette décennie, la grande évolution dans la vie des Mahorais», note Jamel Mekkaoui, le responsable de l’INSEE à Mayotte, même si la situation reste «comparable à celle de La Réunion d’il y a 30 ans ou de la Guyane d’il y a 20 ans».
La moitié des ménages qui n’ont pas l’eau courante chez eux ou dans leur cour s’approvisionnent chez un proche. L’autre moitié a recours à une borne publique, un puits, une citerne et donc aussi à un ruisseau ou la rivière.
«On connaît les phénomènes qui existent à Mayotte mais on a du mal à les quantifier. Avec cette étude, on pose donc une réalité statistique et chiffrée sur ce que l’on voit», précise Jamel Mekkaoui.
37% des logements sont en tôles
Cette enquête «logement» présente donc une masse d’informations mais elle prend tout son sens qu’à condition de garder en mémoire la réalité mahoraise: la présence de deux habitats très différents, qui recouvrent deux réalités bien distinctes. D’un côté les bangas en tôles, de l’autre les maisons en dur. Le chiffre est marquant: à Mayotte, 37 % des 53.200 résidences principales sont des maisons individuelles en tôle.
«Lorsqu’on regarde les loyers par exemple, la moyenne est de 320 euros par mois. Mais il existe deux marchés du logement bien distincts. Dans le premier, on est dans des logements proches des normes nationales, avec des loyers mensuels de 660 euros. Sur le deuxième marché, les loyers mensuels sont nettement inférieurs, 90 euros en moyenne et même 60 euros par mois en moyenne pour les maisons en tôle», relève Jamel Mekkaoui.
De nombreux «défauts»
Il est à souligner une autre spécificité mahoraise: seulement un tiers des locataires dispose d’un engagement écrit ou d’un bail de location (4.700 ménages). Ces Mahorais paient les loyers parmi les plus élevés (près de 700 euros par mois) mais pour un habitat de meilleure qualité: 87 % de ces logements n’ont «aucun défaut».
Pour l’INSEE, n’avoir «aucun défaut» pour un logement, c’est disposer de l’eau, d’une baignoire ou d’une douche et de toilettes à l’intérieur, «le confort sanitaire de base». À Mayotte, les deux tiers des logements sont dépourvus de la totalité ou d’une partie de ce confort de base, (40% des logements en dur et la quasi-totalité des maisons en tôle).
Si on ajoute l’absence de cuisine et d’électricité, ce sont près des trois quarts des logements pour lesquels il manque au moins un élément de confort. Ce taux est de 12 % à La Réunion et 5 % en métropole.
Dans le détail, à Mayotte, 59 % des logements n’ont pas de toilettes à l’intérieur, 52 % n’ont ni baignoire ni douche, 58 % ont une installation électrique dégradée ou pas d’électricité, 29 % n’ont pas de cuisine.
L’INSEE note aussi que 40 % des logements ont du carrelage au sol, les 60 % restant ayant simplement du béton, un revêtement plastique ou de la terre battue.
Des logements trop peuplés
Les points faibles de l’habitat à Mayotte ne s’arrêtent pas là. L’INSEE explique aussi que 63% des logements sont surpeuplés (contre 10 % en métropole). Là encore, les maisons en tôle sont davantage concernées (9 sur 10), mais c’est aussi le cas de la moitié des logements en dur. 35 % des logements sont même en «surpeuplement accentué»: ils devraient disposer d’au moins 2 pièces supplémentaires.
Cette séparation très marquée entre logements en tôles et maisons en dur, reflète également une réalité sociale: ce sont les personnes étrangères qui sont particulièrement concernées par les habitats de mauvaise qualité. Seuls 10% des foyers dont la personne de référence est née à l’étranger ont un logement «sans défaut».
Des Mahorais positifs
Tout de même, deux bonnes nouvelles pour finir : Il n’y a plus «que» 6% des logements mahorais qui ne disposent pas d’électricité, un taux divisé par quatre depuis 2002… même s’ils n’ont pas pour autant leur propre compteur électrique.
Et enfin, malgré ces données qui placent Mayotte loin des normes métropolitaines et des autres DOM, les Mahorais ne se plaignent pas. Ils ont une opinion plutôt positive de leur logement… contrairement aux Réunionnais. Moins de 10 % des Mahorais considèrent que leur logement est mal exposé ou que leur maison ou immeuble est dans un mauvais état général.
A Mayotte, fin 2013, un peu plus de la moitié des ménages se déclarent propriétaires de leur résidence principale, un quart sont locataires et les autres sont logés gratuitement.
RR
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