Le comité de suivi de la ressource en eau du territoire s’est réuni 3 fois depuis le mois de septembre. Ses membres voulaient sensibiliser les médias ce vendredi matin sur la situation actuelle, qui pousse le préfet à signer ce week-end un arrêté de restriction d’eau.
Un double constat les a alertés : les prévision pessimistes de Météo France sur un démarrage tardif de la saison des pluies, et un accroissement de la consommation d’eau potable de 10% par rapport à l’année dernière.
Il faut donc arriver à faire comprendre à la population que la ressource en eau n’est pas inépuisable sur un territoire ilien. Surtout que cette consommation ne concerne qu’à 10% l’alimentation, donc les besoins vitaux.
« Nous avons consommé la moitié de la capacité de nos retenues collinaires, une situation comparable à l’année dernière (où un arrêté de restriction avait été pris, ndlr) et à l’année 2010 (où Mayotte a frôlé la pénurie) », déclare Caroline Mauduit, Adjointe au chef de service Environnement prévention des risques à la DEAL. Outre la réduction de la consommation, il faut aussi tenter de jouer sur la production.
Consommation moindre qu’en métropole
Notre alimentation en eau potable est assurée à 78% par les deux retenues collinaires, à Combani (1,5 millions de m3) et Dzoumogné (2Mm3), et 17 captages en rivières. Les 14 forages participent pour 18% et la couteuse usine de dessalement pour 4%. « La 3ème retenue collinaire de l’Ouroveni sera opérationnelle en 2020, il faut donc tenir d’ici là ! », faisait remarquer Florence Ghilbert-Bézard, la directrice de cabinet du préfet, qui présidait la réunion. Le BRGM et la DEAL font actuellement des tests pour effectuer de nouveaux forages.
L’explication de ce déficit viendra de Bertrand Laviec, Directeur de Météo France Mayotte« nous avons reçu 45% des niveaux de pluies habituels. Outre un démarrage tardif de la saison des pluies, nous pouvons craindre 3 mois à venir particulièrement secs. »
Nous consommons 210 m3 par an et par compteur, contre 120 en métropole. Mais plusieurs familles se regroupent ici. Il faut plutôt retenir les 8 millions de m3 par an consommés en 2015, et les rapporter au nombre d’habitants INSEE actualisé, soit 230.000, ce qui donne une consommation de 34m3 par an et par habitant (plus faible si le nombre d’habitants réel est plus élevé). Contre 40 m3 par an et par habitant en France (Chiffre Semea).
Interdiction d’arroser dès la publication de l’arrêté
Mais depuis 2 ans, nous consommons de plus en plus, « une hausse de 10% sur l’année dernière », déclare Jean-Michel Renon, Directeur de la SMAE, qui demande un usage raisonné de l’eau : « ne laissez pas couler le robinet quand vous vous lavez les dents, ou sous la douche quand vous vous savonnez, réparez toute fuite, qui sur un seul robinet peut atteindre 35m3 par an. »
Les gros consommateurs que sont l’hôpital et le vice-rectorat sont particulièrement visés, « nous les avons contactés individuellement », informe Florence Ghilbert-Bézard. Avec des consommations spectaculaires dans les établissements scolaires. Le Syndicat d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (Sieam) de son côté entretient ses réseaux pour minimiser les fuites, « nous avons gagné sur le rendement pour atteindre 85% », indique Michel Jousset, son directeur.
Interdiction de laver les voitures, les voiries ou les façades, d’arroser ou de remplir sa piscine privée donc à partir de ce week-end, « pour un mois mais avec possibilité de prolonger. »
Impact diffus de l’arrêté
Les contrôles seront effectués par la DEAL et ses agents de police de l’eau. Mais dont l’effectif de 3 demandera à être complété par les agents de la brigade nature du département, par les policiers municipaux, « une centaine sur l’île », au travers l’action des maires et des cadis. Les mosquées pourront aussi être sollicitées pour informer.
La nécessité de diffuser à l’année une information du bon usage de l’eau se fait sentir, pour éviter de se retrouver en tension sur la ressource à la même période.
Difficile apparemment d’évaluer l’impact que peuvent avoir les arrêtés de restriction d’eau sur la consommation, pourtant nombreux : « Il n’y a pas eu de modification flagrante de la consommation l’année dernière », commentait Jean-Michel Renon, pour la SMAE.
Les projets sur la récupération des eaux pluviales ou sur les économiseurs d’eau à brancher au robinet, sont toujours en attente d’une volonté politique à la hauteur de celle qui a porté le photovoltaïque.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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