L’océan Indien devient plus que jamais une véritable zone de bataille aérienne. Alors que la nouvelle compagnie low-cost French Blue arrive en juin prochain sur l’axe paris-Réunion et qu’Air France a dévoilé son projet de compagnie à bas prix, le PDG de Corsair dévoile (un peu) sa riposte. Dans une interview exclusive à Air & Cosmos, Pascal de Izaguirre livre quelques-uns des axes de développement dans une région où, selon lui, «les lignes aériennes sont les plus chères au monde.»
Il annonce un «bain de sang» sur la ligne Métropole-Réunion où l’augmentation de l’offre devrait atteindre les 30% et «pas seulement à cause de French Blue. Ils arrivent avec huit vols par semaine, donc ils ne font clairement pas dans la demi-mesure. Ensuite, Air Austral a annoncé qu’elle allait augmenter ses capacités», relève-t-il.
Corsair se prépare donc à affronter une zone de turbulence dans une relative sérénité grâce à une bonne santé financière. «Les profits seront significatifs», laisse entendre le PDG anticipant la publication le 8 décembre prochain des résultats pour l’exercice 2015-2016. Cette sérénité n’est que relative car l’outre-mer pèse lourd dans les activités de Corsair. Les Antilles représentent 34 % du chiffre d’affaires de la compagnie et l’ensemble de l’océan Indien 43 % dont 27% pour la seule Réunion.
Lignes, fret et haute contribution
Premier axe de la riposte, Corsair se tourne vers de nouveaux marchés, l’Afrique, Cuba… mais aussi le régional au départ de La Réunion. Le 24 janvier 2017, elle ouvrira le Réunion-Mayotte. Suivra un Réunion-Antananarivo en attendant un Réunion-Maurice pour lequel Corsair n’a toujours pas obtenu de droits de trafic.
«Quand on dessert les quatre lignes de l’océan Indien entre Maurice, Madagascar, Mayotte et La Réunion, nous pouvons développer les lignes intra-océan Indien qui sont marquées par une insuffisance de vols et de capacités, et des tarifs extrêmement élevés. Il ne faut pas oublier que nous avons comme actionnaire un groupe touristique donc cela permet de développer des séjours combinés. Nous sommes aussi là pour développer le fret, pour faire du développement économique et social. C’est ma vision de la compagnie», analyse Pascal de Izaguirre.
Second axe, le PDG Corsair parie, comme Air Austral, sur la clientèle «haute contribution» en améliorant son produit par le haut. «Avec la montée en gamme nous améliorons le “mix clientèle”, nous serons moins sensibles à la concurrence des low-costs ».
À l’autre bout de la cabine, les low-costs ont été une source d’inspiration pour Corsair. « Dès avant l’arrivée de French Blue nous avons amorcé une modification de notre structure tarifaire. Il y aura un tarif de base et un tarif avec les options. Je pense que toutes les compagnies régulières vont s’y mettre. C’est là qu’est la victoire du modèle low-cost.»
Air Austral réfléchit à Marseille
Ces choix stratégiques interviennent au moment où «La Compagnie» parle de mariage avec XL Airways… coupant l’herbe sous le pied d’Air Austral qui aurait bien noué des liens étroits avec XL en réfléchissant à un retour sur Marseille.
Sur BFM TV, Frantz Yvelin, président fondateur de «La compagnie», a confirmé que des discussions avancées étaient en cours avec XL Airways et même en «négociations exclusives» y voyant «une logique de complémentarité».
Une low-cost réunionnaise ou régionale
Enfin, pour revenir à Air Austral, un de ses actionnaires continue de faire entendre sa voix. L’omniprésent Guito Narayanin n’accepte toujours pas qu’Air Austral réfléchisse à la création d’un low-cost. Il réclame une compagnie qui serait gérée par l’ensemble des Etats de la zone comme «un message puissant pour la coopération régionale».
Le projet d’Air austral (et la Sematra) est de mettre sur pied une low-cost régionale dont la vocation sera de desservir le grand océan Indien avec deux appareils acquis dans le cadre de la défiscalisation (28 millions d’euros annoncés par le ministère des Outre-mer) et avec des financements européens.
Guito Narayanin préfèrerait que le fonds européen Interreg -piloté par la Région Réunion- doté de 43 millions d’euros, soit utilisé pour financer une compagnie réellement régionale avec le concours des Etats de la zone. «Ce serait une véritable coopération régionale et non une domination coloniale», lâche Guito Narayanin qui réclame plus de transparence et moins d’ingérence autour d’Air Austral.
RR
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