Les médias comoriens et mahorais étaient conviés à l’inauguration de l’A320 d’Int’Air Iles ce dimanche à l’aéroport Prince Saïd Ibrahim à Hahaya (Moroni Grande Comore). Dépêchée depuis Mayotte dès le samedi par deux rotations de Cessna de la compagnie, la délégation faite d’officiels, d’amis du PDG et de journalistes ont pu passer une nuit à Moroni. Sans délestage…
Ils se sont donc mêlés aux gouverneurs d’Anjouan et de Mohéli, aux côtés du ministre des transports comorien, qui expliquait au JDM que l’opération allait « rehausser l’image du pays », pour assister à l’atterrissage de l’A320 un peu avant 13h.
Pour comprendre l’engouement que suscite l’arrivée de l’appareil, il faut comprendre que l’histoire de la compagnie, initialement Inter’Iles, est récente, née il y a 9 ans et familiale. Parti d’un petit Cessna, Inzoudine Seffoudine, ancien directeur de la DASU Mayotte(Direction des affaires scolaires et universitaires), est maintenant le PDG d’une compagnie au capital de 9 millions de dollars. Un rêve comorien comme l’Amérique a pu en offrir, mais qui lui a imposé des trésors de patience et de stratégie pour déjouer les pièges.
Réorganisation autour de l’Airbus
« Osez nous demander la lune », la devise d’Int’Air Iles n’est pas vaine, comme il le rappelait dans son discours : « Cet appareil de 150 places va désenclaver l’île, en doublant nos déplacements vers les îles de la région, qui passent de 4 à 8 par semaine, et montent à 50 pour l’ensemble des vols de la compagnie. » Tous partent de Moroni, et desservent la Tanzanie, La Réunion, Maurice et Mayotte.
La flotte d’Int’Air Iles est toujours composée de 5 appareils, puisque l’Airbus, et son équipage, est louée à une société d’Afrique du sud.
L’organisation de la compagnie a été revue non pas en rajoutant l’A320, mais autour de lui. Sur la liaison Mayotte-Moroni-Réunion par exemple, les passagers des 2 autres îles Anjouan et Moheli, arriveront par Cessna, mais aucun retard ne sera toléré : « L’Airbus est prioritaire puisque les aéroports à destinations sont des mini-hub, avec des horaires à respecter », explique un directeur de la compagnie.
Un regard tourné vers Dubaï
A La Réunion, c’est le petit aéroport déficitaire de Pierrefonds qui a été choisi, dans la région sud. Précisément celle de l’électorat de Didier Robert, principal actionnaire via la Sematra, d’Air Austral, compagnie régionale d’influence. Celui qui est aussi président de la région, a finalement approuvé le projet qui relance l’aéroport secondaire. Ce qui a emporté la décision de la DGAC Réunion, en dépit de nombreuses « frilosités ».
La compagnie comorienne grossit donc rapidement, et contribue à l’essor de l’économie de l’archipel notamment en création d’emplois, mais aussi en subventionnant des œuvres sociales à hauteur de 10 à 15 millions de francs comoriens, « et nous allons signer un contrat de performance avec l’Etat pour créer 500 emplois d’ici 5 ans », indique le PDG.
Et elle ne va pas s’arrêter là : « Nous allons acquérir 2 aéronefs régionaux pour une desserte indo-océanique », annonce Inzoudine Seffoudine dans son discours, avec un regard tourné vers Dubaï. Une évolution qui va nécessiter d’accepter de nouveaux actionnaires, glisse-t-il.
Maurice ouvre ses portes aux comoriens
Un « bijou d’A320 », qui arrive au moment où l’Union des Comores prend la présidence des Iles Vanilles, « nous allons le mettre au service des membres de cette organisation. »
Outre l’arrivée triomphale de l’avion sous les jets des camions pompiers jaunes de Moroni, l’annonce du jour était l’offre surprise proposée par la compagnie : « Tous nos allers retours à 200 euros à partir du 12 décembre, et pour une semaine”, donc vers Maurice, La Réunion, Mayotte, en passant par Moroni. Exemple : le vol de Maurice s’effectuera dans le sens Dzaoudzi-Moroni-Maurice.*
Une offre légèrement différée pour l’île, Maurice, « le temps que nous lancions la destination, une histoire de quelques jours », indique Umarfarooq Omarjee, le directeur de la société du même nom, représentant d’Int’Air Iles à Maurice. Une destination pour laquelle les comoriens pourront s’abstenir de faire un visa au départ, « il leur sera délivré à l’arrivée. Une facilité pour tous ceux qui voudront venir, étudier, se soigner ou faire des affaires chez nous. Cela fait des années que les comoriens attendent cette liaison sur Maurice. »
L’organisation de ce week-end, tirée au cordeau, permet d’espérer beaucoup de la petite compagnie qui monte et qui annonce désormais un taux de fiabilité des vols à 98%. Et qui prouve qu’un petit peut réussir.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* En dehors de cette semaine de promotion, les tarifs pour un aller simple à partir :
- DZAOUDZI-HAHAYA (Moroni) : 71,74€ HT
- DZAOUDZI-ANTANANARIVO : 91,74€ HT
- DZAOUDZI-REUNION : 120,74€ HT
- DZAOUDZI-TANZANIE : 161,74€ HT
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