L’annonce du redressement de la Société Immobilière de Mayotte avait été l’occasion de dévoiler un des chantiers en cours, Tamarins-les-bas à Cavani, et d’expliquer que la relance du bâtiment, c’est pour aujourd’hui. Un démarrage que le conseil d’administration avait soumis au bouclage des financements. Pas vraiment rassurant au regard des difficultés de la maison.
Quelques semaines plus tard, le directeur général Ahmed Ali Mondroha, nous annonce tout sourire l’arrivée des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Qui débloque prés de 50 millions d’euros, auxquels il faut rajouter les 13 millions d’euros de la ligne budgétaire unique de l’Etat, via sa Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL). Pour un total de 334 logements, dont 282 issus de nouveaux chantiers.
En effet, « sur les 60 millions d’euros qui seront ainsi investis dans l’économie mahoraise en 2017, nous avançons 5 nouvelles opérations, dont 3 de la ZAC du Soleil levant à Kawéni, une à Koungou, Makala, et une à Passamainty collège », explique Ahmed Ali Mondroha au JDM, les 3 autres correspondent à des programmations lancées par le précédent directeur, Mahamoud Azihary, mais freinées par des problèmes de trésorerie qui ont mis la boite en sommeil pendant un an et demi.
L’Etat détient 50% du capital
Les besoins à Mayotte sont de 800 logements, mais la SIM redémarre tranquillement : « Nous revenons de loin ! De 10 millions d’euros de découvert, nous sommes remontés à 5 millions d’euros, conforme aux autorisations, mais la situation reste fragile, nous devons conserver une gestion prudente », explique Ahmed Ali Mondroha, qui entrevoit encore 4 mois « tendus », « après ce sera mieux. »
La situation, longtemps conflictuelle avec l’Etat, s’est apaisée, « le précédent directeur avait commencé à instaurer des réunions régulière avec la DEAL. » Mais contrairement à son prédécesseur, l’actuel directeur le dit tout net : « Je ne fais pas de politique. Je me considère comme un mandataire social dans une société où je dois suivre les choix des propriétaires. » Et s’il n’est pas d’accord avec leurs choix ? « Les élus, dont notre présidente Ramlati Ali, sont là pour négocier avec l’Etat. »
Le capital de la SIM est en effet pour moitié détenu par l’Etat ou ses émanations, (Etat 33,33%, CDC et AFD 8,33% chacune), pour 25% par le Département, pour 8,33% par la commune de Mamoudzou, même pourcentage pour la Chambre des Métiers et idem pour le moribond SMIAM.
« Si tout va bien »
Une programmation pluriannuelle avait été annoncée avec environ 80 millions d’euros investis chaque année dans les logements locatifs très sociaux et intermédiaires. Ce sont ainsi 400 logements dont les études ont été lancées, « pour une mise en chantier en 2018. Les permis de construire devront être déposés avant la fin mars 2017, si tout va bien. »
Car tout peut se dégrader rapidement à Mayotte. En dehors des conflits sociaux, comme un blocage éventuel du port de Longoni, ou d’une pénurie de ciment, on a vu des opérations lancées il y a 2,5 ans, être bloquées faute d’agréments fiscaux, « ils ne sont plus demandés que pour les logements intermédiaires », rassure-t-il. Certains chantiers vont être relancés, à Pamandzi, à Labattoir, à Combani, et aux Palétuviers.
Il faut aussi compter avec la santé des entreprises qui répondent aux marchés : « Nous avons voulu tirer des entreprises vers le haut, mais ça nous a coûté très cher, certaines faisant de la cavalerie sur plusieurs chantiers, pour finir par déposer le bilan. » Des chantiers ont ainsi été multipliés par 2 en temps, mais aussi parfois, en financement. »
Pour les gros chantiers, la SIM travaille avec les majors, qui peuvent sous-traiter, « mais pour les plus petits, nous mettons en avant des entreprises de la place en étant beaucoup plus vigilants. »
La SIM est donc en train de consolider son redressement, mais sur une île à la situation sociale toujours fragile.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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