L’Airbus A320 d’Int’Air Îles a bel et bien débuté ses vols commerciaux il y a une semaine, mais pas comme l’aurait souhaité la compagnie. Lundi dernier, la première liaison fut en effet particulière. Faute du feu vert de l’Aviation civile française, l’avion a dû relier à vide Moroni au départ de Mayotte où il est basé. C’est donc au départ de la capitale comorienne qu’Int’Air Îles a effectué un véritable premier vol commercial sur Dar-Es-Salam avec 92 passagers.
Depuis, la situation s’est débloquée sur Mayotte, l’Airbus peut donc effectuer ses rotations normalement. Mais il n’en est pas de même pour sa ligne vers l’aéroport du sud de La Réunion. Pierrefonds reste toujours interdit à Int’Air Îles, alors que plus de 130 passagers avaient effectué une réservation sur le vol inaugural Dzaoudzi-Moroni-Pierrefonds prévu le 15 décembre. «Nous allons proposer aux passagers mahorais et réunionnais le remboursement de leurs billets ou leur acheminement à Moroni en Cessna», indique-t-on chez Int’Air Îles.
Dans un courrier adressé au ministre des Transports comorien, Seffoudine Inzoudine, le PDG d’Int’Air Îles ne mâche pas ses mots. «Il nous semble, jusqu’à preuve du contraire, qu’il y a une volonté manifeste de retarder le processus visant à nous donner le droit d’opérer en territoire français comme le font dans le même cadre les compagnies françaises en territoire comorien et ce, en application des accords bilatéraux qui lient nos deux États.»
La DGAC mise en cause
Le PDG d’Int’Air Îles met clairement en cause l’Aviation civile française. «Il existe une tendance de la part de l’Aviation civile française ou du moins de sa représentation à La Réunion». Pourtant, Seffoudine Inzoudine estime avoir respecté à la lettre les procédures.
«Nous avons introduit pour approbation nos procédures d’opérations depuis le 23 novembre 2016. À ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse malgré une relance le 3 décembre. Cette demande a été suivie d’une requête pour la validation de notre programme de desserte du territoire français. Comme la première, elle est restée sans réponse à ce jour.»
Protéger Air austral et Ewa ?
Côté comorien, l’attitude de l’Aviation civile française est vécue comme une volonté de protéger Air Austral et sa filiale mahoraise Ewa. «Int’Air Îles est en train de subir les mesquineries de notre proche ami, la France», n’hésite pas à affirmer Paul-Charles Delapeyre, conseiller spécial du vice-président comorien en charge de l’économie. «On veut qu’Air Austral et Ewa desservent les Comores mais la France bloque une compagnie comorienne qui souhaite desservir La Réunion et Mayotte.»
Par mesure de rétorsion, les autorités comoriennes ont été à deux doigts d’interdire le posé des avions d’Air Austral et d’Ewa aux Comores.
RR, le JDM
Avec le JIR.
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