Une tentative de médiation face un mouvement social qui s’enlise et qui a conduit à la fermeture d’une grande partie des écoles de l’île. Devant l’absence d’issue à la grève des enseignants du 1er degré, Ali Nizari a décidé de tenter une médiation entre les différentes parties.
Logiquement, le président de l’UDAF Mayotte (Union Départementale des Associations Familiales) est «particulièrement préoccupé par la déscolarisation forcée dont ont été victimes les enfants de l’île pendant le mois précédant les vacances de décembre». C’est la raison pour laquelle il a réuni des élus, des maires et des syndicalistes dans l’hémicycle Yanoussa Bamana hier mercredi matin, pour renouer le dialogue et «permettre que les enfants puissent reprendre le chemin de l’école dès la rentrée de janvier».
L’UDAF s’érige en médiateur
Pour Ali Nizari, la solution ne peut être que collective, une union des bonnes volontés, dans le respect de tous. «Si je déplore les méthodes des grévistes qui portent préjudice à nos enfants, je n’en comprends pas moins les enseignants. Ils ont leurs raisons d’agir ainsi devant un Etat qui reste sourd à des revendications légitimes».
La réunion fut d’abord pour chacun, l’occasion d’exposer longuement ses points de vue. Port Saïd Ansiffoudine et Salim Nahouda, respectivement secrétaires généraux du SNUipp et de la CGT, ont rappelé leurs principales revendications: le droit à l’ancienneté générale de service (AGS) pour les enseignants mahorais, l’amélioration des conditions de travail dans les écoles du premier degré (beaucoup de bâtiments ne sont toujours pas aux normes) et une adaptation des rythmes scolaires plus conforme à la réalité de l’île.
«Si on continue comme ça, toute une génération d’enseignants, qui a travaillé toute sa vie dans l’Education Nationale, partira à la retraite avec trois francs six sous! Nous demandons réparation!» a martelé le secrétaire général adjoint du SNUipp, rejoint par Salim Nahouda: «Sans conditions de travail dignes, il ne peut pas y avoir d’enseignement de qualité».
La vice-présidente de l’Union syndicale des familles a ensuite interpellé les maires. Elle a pointé du doigt leur principale responsabilité dans la mauvaise gestion des écoles primaires de l’île. «Dans l’état actuel de l’île, les rythmes scolaires sont un luxe que Mayotte ne peut pas se permettre», lui a répondu Anchya Bamana, la maire de Sada, qui a rappelé son refus d’appliquer la réforme dans sa commune.
«Et ce n’est pas pour cela que le préfet m’a démise de mes fonctions», a-t-elle précisée avec une pointe d’humour. Tout en comprenant les revendications des grévistes, elle a néanmoins dénoncé la fermeture des écoles, appuyée en cela par le maire de Kani-Kéli, également présent à cette réunion de crise.
Quelques timides avancées
Revendications d’un côté, droit fondamental des enfants à recevoir un enseignement digne de ce nom de l’autre… Mais quelles propositions concrètes sont réellement ressorties de cette séance? Comme une enseignante présente dans la salle l’a fait remarquer à juste titre, beaucoup de points de vue ont été échangés, mais les idées et les solutions restent bien minces.
Si le retard qu’a pris la réunion et la longueur excessive de certains discours ont singulièrement écourté le débat, quelques pistes ont néanmoins fait surface.
Tout d’abord, la nécessité d’unir ses forces pour trouver des solutions, comme un leitmotiv pour les différents intervenants. Ensuite, la volonté de former un comité de médiation ainsi qu’une plateforme. Leur rôle sera de rédiger une motion réunissant toutes les revendications des grévistes afin de les faire remonter à Paris.
Le débat souhaité par Ali Nizari n’a pas réellement eu lieu et rares ont été les intervenants à faire des propositions de nature à débloquer véritablement une situation qui semble s’enliser toujours plus. Les enfants reprendront-ils le chemin de l’école à la rentrée de janvier? Le président de l’UDAF a effectivement de quoi être inquiet.
Nora Godeau
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