Les cas de conduite sans permis sont légion à Mayotte. Hier matin, la majeure partie des affaires de l’audience correctionnelle concernait d’ailleurs des conducteurs qui en étaient dépourvus.
Le premier dossier était sans doute le plus grave. Ahmed*, 25 ans, a renversé il y quelques mois une vieille dame alors qu’il conduisait un véhicule sans permis, occasionnant des blessures conséquentes à la victime. Magnanime, la vieille dame n’a néanmoins pas souhaité se porter partie civile et demander des dommages et intérêts à l’accusé. Pourtant, celui-ci l’a percutée avec deux circonstances aggravantes: défaut de permis et délit de fuite.
Malheureusement pour l’accusé, des caméras de surveillance postées sur le bord de la route ont filmé l’accident. Sur la vidéo projetée lors de l’audience, le public et les magistrats ont nettement pu voir Ahmed se livrer à une manoeuvre maladroite de marche arrière qui a provoqué l’accident. Pour couronner le tout, l’homme a pris la fuite en constatant son acte alors que les deux ou trois témoins de la scène lui criaient de s’arrêter. «J’avais peur qu’on me frappe», s’est-il défendu, tout aussi maladroitement.
Ce délit de fuite a fortement choqué le procureur Philippe Léonardo. Pour lui, c’est un des pires délits qui soit. «Laisser une personne comme un animal sur le bord de la route dénote un égoïsme et un manque de compassion déplorables !» s’est-il indigné. Le cas d’Ahmed était d’autant plus grave qu’il se trouvait en état de récidive et que le tribunal a mis en lumière certains de ses mensonges. Déjà condamné l’année dernière pour conduite sans permis, il ne s’était pas présenté au tribunal, prétextant avoir été expulsé du territoire pendant cette période. L’enquête menée auprès de la PAF a révélé que c’était faux.
Le procureur requérait 18 mois de prison ferme. Le juge Banizette a réduit cette peine à 9 mois avec interdiction totale de conduire tout véhicule pendant 3 ans.
Le défaut de permis s’accompagne souvent de délits collatéraux
Egalement à la barre hier mardi, Amir, un homme de 33 ans, devait justifier non seulement un état de récidive, mais une conduite sous l’influence de produits stupéfiants. En l’espace de 11 ans, il a déjà été condamné 3 fois pour conduite sans assurance et 3 fois pour conduite sous influence de stupéfiant.
Constatant que l’accusé avait été à chaque fois condamné à des peines clémentes, le juge Banizette a cette fois décrété qu’il fallait à Amir de la prison ferme pour qu’il prenne une bonne fois pour toute conscience de ses actes. «Visiblement, quand la justice est gentille, ça ne marche pas !» a-t-il déploré. Il a donc condamné Amir à 3 mois de prison ferme.
Des accidents non couverts par les assurances
Bacar, autre jeune homme d’une trentaine d’années, a écopé quant à lui de 2 mois de prison avec sursis et 105 heures de travaux d’intérêt généraux répartis sur 18 mois pour ce même délit de défaut de permis. «J’ai le permis comorien», s’est défendu le prévenu oubliant que celui-ci n’avait aucune valeur aux yeux de la loi française.
Devant les nombreux cas de récidive, la justice a donc décidé d’être plus sévère quant aux délits de défaut de permis ou de défaut d’assurance. Circuler à Mayotte sans véhicule est effectivement compliqué au vue du
Et même sir le déficit de transport en commun dont souffre l’île est un handicap pour de nombreuses personnes, «ce n’est pas une raison pour enfreindre la loi», a rappelé le procureur de la République. Les cas de conduite sans permis peuvent en effet parfois générer de graves accident, non couverts par les assurances.
NG
* Les prénoms ont été modifiés
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