Mayotte et son lagon ne sont pas seulement destinés à attirer les touristes. Leurs richesses sont aussi celles d’un monde : celui des professionnels de la mer.
Scaphandrier, patron de pêche, acteur des cultures marines, marin au remorquage, au pilotage… tous ont été mis en boite : un DVD couleur marine. Il s’adresse aux jeunes et retrace toutes les filières maritimes, les métiers et formations disponibles à Mayotte et en métropole.
L’Ecole d’Apprentissage Maritime (EAM) de Mayotte, à l’origine du projet propose plusieurs formations. La plupart intègre des jeunes envoyés par la Mission locale qui atterrissent là par hasard. «Le DVD permet de concrétiser les éventuelles vocations», indique le directeur de l’école Eric Bellais. Il a conscience des limites de sa formation : «nous avons proposé deux diplômes de préqualification pour devenir matelot, mais l’absence de maîtrise du français freine l’évolution vers un diplôme national».
L’école propose actuellement une formation supérieure de sept mois en capitaine 200 et en chef mécanicien 750 kw, «nous avons monté le niveau de recrutement». Désormais, Pôle emploi propose une référente maritime et la volonté est de viser haut : «les petits diplômes en Marine marchande entrent en concurrence sur le plan mondial avec les Philippins. Les jeunes Mahorais de niveau Bac+2 ou Bac S peuvent tenter l’école Supérieure de Marine marchande qui propose plusieurs niveaux de diplômes. Ils ne sont même pas obligés de naviguer ensuite», déclarait Robert Amis, directeur du Services de Transport Maritime (STM).
L’effort avant le réconfort
Et l’ensemble des participants, tous issus du monde maritime, de donner comme exemple un capitaine de thoniers dont le salaire est de 200.000 euros par an, «supérieur à celui d’un commandant de porte-avion !»
«Mais la majorité des jeunes qui se présente a envie d’être armateur, d’employer des marins, mais surtout pas de naviguer !» indiquait la responsable pêche de la Chambre de l’Agriculture de la Pêche et de l’Aquaculture de Mayotte (CAPAM) qui déplorait que le métier de pêcheur soit à ce point dévalorisé parmi les jeunes. «Celui de marin dans son ensemble», complétait Robert Amis qui s’alarmait que «la moitié des effectifs du STM rêve de travailler à terre comme leurs collègues du Conseil général ! Pourtant, le métier est moins fatiguant que lorsqu’on part au long cours».
D’autres handicaps se dressent pour freiner les énergies, «à Mayotte, les frais de déplacement de tout jeune habitant à moins de 25 km de son lieu de formation ne sont pas remboursés. La limite est de 15 km en métropole…» s’insurgeait Eric Bellais, «seuls nos élus ou parlementaires peuvent agir sur ce sujet». Ceci dit, aucun problème de recrutement ne semble se poser au sein de l’école, ce qui pourrait changer avec le relèvement de niveau.
C’est pourquoi tous les participants réunis dans les locaux de l’EAM ce mercredi, misaient sur le DVD, exploitable dans les écoles ou les forums des métiers, «et copiable à l’infini !» Il détaille les formations maritimes existantes à Mayotte : l’EAM, le Bataillon de Service Militaire Adapté (BSMA), et Plongée Classe 1B de Scubaore, ou en métropole, École de la Marine marchande, le BEP Culture marine ou la Marine nationale.
Le DVD aura un mérite, «celui de montrer aux jeunes à quoi ils doivent s’attendre», dixit Régis Masséaux, président du Syndicat des pêcheurs, «et d’attirer les passionnés !» complète Eric Bellais.
Anne Perzo-Lafond
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