L’attractivité du territoire passe par des mesures pécuniaires pour l’ensemble du corps médical qui s’interroge sur la volonté politique de sauver le système de santé à Mayotte.
Ce sont les libéraux qui ont donné le « la » du mouvement, que les médecins hospitaliers ont décidé d’embrayer. Les premiers demandent l’application d’une convention médicale qui leur permettrait de prétendre à une retraite à la hauteur de ce qu’ils seront bientôt imposés, alors que les seconds réclament une meilleure attractivité à travers une prime de 5 mois par an non fiscalisée sur quatre ans. Une sorte d’indemnisation pour service rendu selon Gérard Javaudin, vice-président du Syndicat des praticiens hospitaliers, « Mayotte ne disposant pas d’un plateau technique capable de valoriser les actes médicaux lors du retour du médecin en métropole ». Sans compter les problèmes scolaires pour les enfants, la cherté de la vie…
Le point commun du mouvement : la désertification médicale, avec vingt fois moins de médecins libéraux qu’en métropole, et 60% de déficit en effectifs pour le Centre Hospitalier de Mayotte. Le corps médical dans son ensemble explique que les revendications ont été portées auprès du gouvernement depuis un an.
« Pourquoi les mesures des autres DOM ne se généralisent-elles pas à Mayotte ? » s’interroge le docteur Abdeli Ouadah, du syndicat des médecins libéraux de l’île… une réflexion qui, par sa proximité de vue, doit faire sourire les leaders du mouvement en faveur de l’indexation des indemnités de la fonction publique.
Les mercenaires de la santé
Ce n’est pas seulement une départementalisation trop progressive et tellement adaptée qui est dénoncée, mais surtout l’orientation de la politique de l’Etat. « On veut laisser mourir la médecine libérale pour la remplacer par la médecine hospitalière ! » proteste Abdeli Ouadah qui en appelle tous azimuts à Paris : questions écrite et orale au gouvernement proposées au député Boinali Said Toumbou, demande d’un entretien avec Frédéric Van Roekeghem, directeur général de la Caisse Primaire d’Assurance maladie…
De fait, Mayotte est un territoire qui remplit ses 17 dispensaires, « mais les patients consultent de plus en plus nos cabinets » indiquent les médecins.
« Il n’y a pas de lecture transparente de la politique de l’Etat à Mayotte » convenait justement le député Boinali Said Toumbou, qui traduit l’insatisfaction générale de mesures très souvent appliquées, sans être vraiment expliquées aux Mahorais. Dans le domaine de la santé, la politique est dictée par une Agence régionale de Santé trop souvent préoccupée par les problématiques de La Réunion au détriment de Mayotte. Et la crainte de mettre en œuvre des mesures qui ne serviraient que des « mercenaires », a abouti, au contraire, à la pérennisation de ces médecins qui viennent à l’hôpital en « one shot », pour un mois, tous frais payés.
Les médecins hospitaliers ont suspendu ce mardi le mouvement, après avoir obtenu un rendez-vous le 11 octobre au ministère de la Santé. Quant aux libéraux, ils attendent l’entretien qu’ils auront avec le préfet ce mercredi 2 octobre à 9h30 pour décider de l’évolution du mouvement.
AP-L.
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