La paisible localité de Befandriana-Nord, dans la commune rurale d’Antsakabary, au nord de Madagascar, est le théâtre de troubles très importants, attisés de toutes parts. Tout a commencé il y a 10 jours, le samedi 18 février, avec l’assassinat de deux policiers. Accusés d’avoir racketté des habitants, ils sont violemment pris à partie par des villageois qui vont finalement les lyncher.
Une enquête est immédiatement lancée et des policiers se rendent sur place pour des investigations. C’est alors qu’éclate, mercredi dernier, un vaste incendie. Environ 450 cases en bois et en terre sont détruites par les flammes, privant un millier d’habitants de logements. C’est en tout ce qu’affirme une députée d’opposition. L’élue locale se fait le porte-voix des villageois qui dénoncent un acte de vengeance des policiers. Selon eux, 42 policiers venus de Majunga pour l’enquête seraient à l’origine de l’incendie, une mesure de représailles après la mort de leurs collègues.
La police dément fermement et le ministre de la Sécurité publique a dû monter au créneau. Pour lui, il n’y aurait que huit cases détruites par un incendie causé par un déséquilibré.
La gendarmerie locale s’est également rendue sur place. Elle, dénombre un mort et 430 cases calcinées.
26 villageois poursuivis
Problème : dix jours après le sinistre, aucune enquête n’a encore été ouverte. «Les habitants, victimes de ces incendies, ont le droit de connaître la vérité. Il ne faut pas seulement entendre la version de la police. Il faut écouter ce que les villageois ont à dire », martèle la députée au micro de nos confrères de RFI.
C’est dans ce contexte hyper-tendu que devait s’ouvrir ce mardi les procédures judiciaires pour le lynchage des policiers. Les choses n’ont pas traîné, c’est le moins que l’on puisse dire. En moins de 10 jours, 26 villageois ont été arrêtés et sont directement mis en cause dans le lynchage. Cinq autres doivent être entendus comme témoins, dont le maire d’Antsakabary, l’un des cinq villages détruit par l’incendie criminel.
Les enjeux politiques
Si le maire ne fait aucun commentaire sur les événements, la population, un procureur de la République, des élus, des religieux et des gendarmes ne s’en privent pas. Tous se retrouvent pour accuser la brigade de policiers de Majunga. Ils affirment qu’ils sont bel et bien venus mettre le feu aux villages pour venger leurs collègues.
Alors que les témoignages accablants s’accumulent, à Tananarive, le ministre ne change pas de version… alors qu’un remaniement ministériel serait imminent.
«Aucune autorité, autre que la gendarmerie locale, n’a encore fait le déplacement dans cette zone isolée, accessible uniquement après deux jours de marche», indique RFI. Entre les rivalités police-gendarmerie et les intérêts de la politique nationale, l’affaire prend une tournure pour le moins inquiétante.
RR
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