«On veut changer les habitudes et pour cela on dit, ‘Ensemble, partageons le stationnement’. C’est quelque chose de nouveau à Mayotte et on peut parler de petite révolution», explique Mohamed Moindjié, l’adjoint au maire chargé des transports.
Fini le stationnement anarchique dans Mamoudzou et les voitures ventouses qui peuvent rester garés indéfiniment. La volonté est de faciliter la rotation des véhicules pour partager l’espace. «Quand le stationnement est totalement libre, une place de parking sert à deux voitures dans une journée. On passe à 4 voitures par jour avec un stationnement réglementé par des zones bleues. On arrive à 8 voitures par jour pour une place avec un stationnement payant», constate Mohamed Moindjié.
Si Mamoudzou est confrontée à d’importants problèmes de circulation et d’embouteillages, la municipalité fait le constat que beaucoup sont causés par les problèmes de stationnement. En semaine, tout le monde vient à Mamoudzou pour travailler, faire ses courses, se rendre dans un service public… à condition de pouvoir circuler et se garer. Or, les bouchons permanents et les difficultés de stationnements peuvent détourner les gens de la ville.
«Quand on va dans le centre-ville, au marché ou à la pharmacie, on peut tourner longtemps avant de trouver une place. Et parfois, on se décourage, on va ailleurs et parfois à des endroits où on va trouver des produits de moins bonne qualité.» L’enjeu, c’est donc l’attractivité du centre-ville.
Des zones bleues
Concrètement, des zones bleues sont mises en place. Ce sont des zones de parking gratuit mais réglementé: la durée de stationnement maximal est de deux heures, soit un peu plus que dans les villes métropolitaines qui servent de modèle, où cette durée est généralement limitée à 1h30.
A l’intérieur de cette zone bleue, cette réglementation est valable du lundi au vendredi de 9h à 16h et le samedi de 9h à 12h.
Pour se garer, tout conducteur devra utiliser un disque de stationnement, apposé en évidence sur la face interne du pare-brise. Sur ce disque, le conducteur devra indiquer l’heure de son arrivée.
Pendant un mois, la municipalité va travailler à une campagne pédagogique de grande ampleur. Durant cette période, il n’y aura pas de verbalisation mais un travail d’explication menée par ceux qui seront ensuite chargés de mettre des PV. La mairie a d’ailleurs recruté 10 agents de surveillance des voies publiques. «L’objectif, ce n’est ni de verbaliser ni de gagner de l’argent. C’est de changer les comportements pour que nous soyons tous, mieux dans notre ville», assure Mohamed Moindjié.
Une grande campagne de sensibilisation
Pour faire passer le message, la mairie de Mamoudzou a mis en place une campagne de communication complète pour informer ses usagers du changement. Affichage, actions de terrains, exposition publique à la mairie demain jeudi 2 Mars, distribution massive de disques bleus ce vendredi 3 mars aux deux entrées de Mamoudzou.
Un kiosque itinérant ira également au-devant des automobilistes durant tout le mois de mars. Enfin, des points relais pour trouver les disques sont créés: la Maison des livres (Place Mariage), la Pharmacie mahoraise et l’annexe de police sur la Place de l’ancien marché, Habari Presse, Au Petit Pain, la Maison des délices et bien sûr la mairie de Mamoudzou.
Reconfiguration urbaine
Pour la municipalité, la volonté est donc d’éviter l’étouffement de la vie économique. «On veut que les entreprises s’implantent», confirme Mohamed Moinjié. «On veut que des médecins, des notaires, toutes les professions libérales se développent. On veut créer de l’activité… parce que c’est aussi cette activité qui fera entrer des recettes», explique Mohamed Moindjié.
La municipalité sait que changer le comportement des automobilistes va prendre du temps. «Mais ça va marcher! Au fur et à mesure, on va aussi monter en gamme et sortir du tout-voiture. On travaille sur un itinéraire vert, sur le covoiturage, sur des parc relais et on réfléchit au stationnement payant. On veut faire en sorte que notre ville respire».
D’ailleurs, dès demain, une nouvelle réunion doit permettre de faire avancer le plan de déplacement communal. Le projet de transport en commun urbain est également en bonne voie. «Toutes nos villes se sont construites un peu par hasard, au fil de l’histoire. Aujourd’hui, Mamoudzou veut travailler à une reconfiguration urbaine. On ne va pas tout casser mais on doit aménager, repenser les choses, pour une ville plus équilibrée, pensée aussi avec l’Interco’. Mamoudzou doit être le pionnier, pour faire de la ville-chef lieu, une ville belle et attractive.» Et cette volonté passe par de nouveaux rapports à la voiture.
RR
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