La formation des travailleurs sociaux suit son cours. Un constat qui tient du train-train dans les autres départements français mais qui est tout nouveau à Mayotte. Un peu comme les médecins, notre département souffre d’un turn-over important dans le secteur de l’accompagnement social et plus particulièrement de la petite enfance.
Et comme pour les médecins la solution la plus appropriée est de former des ressources qui resteront dans l’île. A ceci prés, que c’est plus rapide pour les travailleurs sociaux… L’Institut Régional des Travailleurs sociaux (IRTS) de La Réunion, où étaient formés nos quelques professionnels (5 par an) jusqu’à l’année dernière, a ouvert une antenne à Mayotte, inaugurée en septembre dernier. Avec une émancipation envisagée dans 3 ans, sous la condition d’avoir mis en place toutes les formations requises.
Le baptême du feu, c’est la formation des moniteurs éducateurs qui l’a essuyée l’année dernière. Cette formation qui se fait en 2 ans, est plutôt une réussite si l’on en croit Attoumani Mohamed, le directeur de l’IRTS Mayotte. Il fait le point au moment où cette première promotion part à La Réunion pour 2 mois : « Leur formation comprend un stage obligatoire en structure d’hébergement qui propose des horaires d’internat. Or, il n’y en a pas à Mayotte. »
Inquiétude sur le niveau scolaire
Il s’agit en effet de structures comme les Centre Educatifs Fermés ou Renforcés, les Maisons d’Enfants à Caractère social, qui agissent sur la protection de l’enfance.
Ils sont arrivés vendredi dernier à La Réunion pour suivre une semaine de regroupement à l’IRTS avec des cours assurés par un enseignant arrivé de métropole. Et suivront ensuite deux périodes de stage, la 1ère du 13 mars au 7 avril, puis du 18 avril au 17 mai. « Ils vont découvrir le rôle d’un moniteur éducateur, c’est à dire la prise en charge des enfants dans le quotidien d’une structure stable. » Un déplacement assuré par LADOM, « ainsi que les frais de vie des étudiants à hauteur de 200 euros par mois. »
Ils seront ensuite co-évalués au cours de leur 3ème semestre, de septembre à avril 2018, par l’IRTS au sein de leurs terrains de stage, et en centre par le vice-rectorat.
On sent Attoumani Mohamed enthousiaste, ce qui ne fut pas toujours le cas : « J’étais inquiet sur la production de l’écrit. » La promotion de 15 filles et 4 garçons, d’une moyenne d’âge de 27 ans, est très hétérogène, certains ont une licence validée, d’autre le niveau 3ème, mais avec une déficience généralisée à l’écrit à l’écouter. « Nous avons donc mis en place un module ‘Atelier de lecture et d’écriture’, avec comme résultat une grande évolution qualitative dans la production d’écrits. » La pédagogie personnalisée mise en place a également joué.
Des éducs spé mahorais dans 3 ans
Ils ont déjà effectué un stage dans les structures mahoraises, groupe SOS (Tama et Toioussi), Auteuil, Croix rouge, « pour avoir une connaissance précise des problématiques de Mayotte », des organismes qui seront aussi leurs futurs employeurs : « Ils sont quasiment certains d’avoir un emploi à la sortie au regard du développement des capacités du secteur médico-social sous l’impulsion de l’Agence régionale de santé et du conseil départemental, et au travers des structures locales. »
Le conseil départemental qui a récupéré cette compétence depuis 2004, compensée à hauteur de 730.000 euros en 2016 par l’Etat, a passé la vitesse supérieure avec Mariame Saïd aux commandes, selon Attoumani Mohamed : « Elle a tenu sa promesse d’ouvrir la formation d’éducateur spécialisée, annoncé pour le 28 août 2017. »
Un travail mené conjointement avec la Direction de la Formation professionnelle, d’Apprentissage et d’Insertion (DFPAI). Les personnes intéressées peuvent venir retirer leurs dossiers au Centre d’Affaire du Centre Maharadja (en face de HD) ou à la DFPAI (à la Cité des Métiers). La date limite de dépôt est le 31 mars. Il y a 20 places, « et les éducateurs spécialisés sont encore plus recherchés ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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