A la suite du communiqué du député Ibrahim Aboubacar appelant à davantage de transparence sur la gestion de la crise de l’eau, et notamment sur les raisons de la division de l’île en deux parties, rationnée ou non, c’est à un Comité de gestion de la ressource élargi qu’ont été invités les élus de l’île à la DEAL par le préfet Frédéric Veau. Deux représentants ministériels étaient présents.
Outre les techniciens habituels, la SMAE, le Syndicat de l’Eau et de l’Assainissement (Sieam), Météo France, la DEAL, étaient présents Nathalie Puvilland, Conseillère spéciale de la ministre des Outre-mer, Alby Schmitt, expert en hydrologie du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), les parlementaires Ibrahim Aboubacar et Thani Mohamed Soilihi, les 8 maires du sud et le président de l’Association des maires Saïd Omar Oili.
La présence des deux représentants d’instances nationales est un signe positif. L’expert du Ministère de l’Environnement est en effet venu pour apporter un appui technique à la mise en œuvre des mesures d’urgence de résolution de la crise. « Sur ce point particulier, il a été réaffirmé que l’option « tanker » est une priorité, sur laquelle les travaux se poursuivent », indique la préfecture dans un communiqué.
En mai, on ne fera pas ce qu’il nous plaît
Alby Schmitt a présenté ses premières conclusions concernant les possibilités de mobiliser de manière optimale les ressources existantes, grâce aux forages et au dessalement. Comme cela avait été annoncé, deux forages seront effectués en août, et deux en novembre. Les autres solutions ne sont encore qu’une solution d’étape, comme nous l’explique Ibrahim Aboubacar : « Il a notamment été évoqué la remise en capacité de l’usine de dessalement de Petite Terre qui ne fonctionne qu’à 60% de sa capacité. »
Il s’agit d’un problème de drain insuffisant, un tuyau dont il faut accroitre le diamètre et la longueur pour atteindre les 2.000 litres par jour.
Comme nous l’avions annoncé ce mercredi, les 8 communes du sud sont rétablies en eau courante à partir de ce mercredi et pour 3 semaines, période de visibilité pour la SMAE en matière de prélèvement dans les captages et les forages. Le mois de mai est plus incertain, mais la représentante du Ministère des Outre-mer a pris l’engagement que l’ensemble des foyers mahorais sera alimenté en eau durant la période du Ramadan.
La retenue de Combani pleine d’ici 15 jours
Une avancée saluée par le député Aboubacar qui se réjouissait surtout de la transparence qui a prévalu lors de cette réunion : « Nous avons eu des explications sur nos demandes, et les acteurs se sont engagés à maintenir cet état d’esprit. » Le niveau des retenues est de 86,5% pour Combani et 35,5% pour Dzoumogné.
« Les experts annoncent une retenue du sud quasiment pleine à terme », elle se remplit en effet de 4 à 5 mm par jour, et il ne manque que 15 jours pour qu’elle atteigne 100%. Quand à celle de Dzoumogné qui a toujours posé des problèmes de remplissage, « elle ne devrait pas dépasser les 40% », informe le député.
A la demande des élus, des mesures incitatives devraient enfin être mise en place pour équiper les habitations en récupérateurs d’eau de pluie, annonce la préfecture.
Des factures envoyées par accident !
La grosse discussion a porté sur le paiement des factures d’eau non-potable, qui auraient été envoyées par erreur, rapporte Ibrahim Aboubacar, citant les responsables des services de l’eau, « ils continuent à chercher une solution convenable. » Le Collectif des Assoiffés du sud a une nouvelle fois demandé une exonération totale. Soulignons que l’argument consistant à justifier leur règlement par la nécessité de payer les salariés ne tient pas plus que si une unité de production de viande bovine avait fournit sciemment de la viande avariée et réclamait de pouvoir rémunérer ceux qui y ont contribué.
Ibrahim Aboubacar se réjouit de ce premier travail, « mais l’objectif final est une absence totale de tours d’eau au nord comme au sud, et, si cela devait de reproduire, nous demandons une solidarité territoriale, en isolant les structures identifiées comme les hôpitaux, la prison, comme cela se fait actuellement dans le sud. » Les raisons de l’absence de coupure dans le nord n’ont pas été données, malgré la demande des élus.
La météo pourrait offrir un petit « plus », avec une saison sur avril-mai-juin qui s’annonce neutre à humide. Mais rien n’est gagné, il y a encore 20% de (mal)chance qu’elle soit inférieure à la normale.
La préfecture souligne dans son communiqué le comportement exemplaire des habitants des huit communes du centre et du sud de Mayotte depuis le début de la crise.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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