Une réunion s’est tenue le 31 mars au conseil départemental pour faire le point sur une filière dans l’impasse. Les élus avaient auparavant délégué à Régis Masséaux notamment, vice-président du Parc Naturel Marin, la tâche de proposer un plan d’avenir sur la filière, mais ce dernier nous avait expliqué réviser à la baisse ses ambitions vers une aquaculture artisanale.
Ce secteur hyper subventionné, ne bénéficie plus d’aucune manne depuis le passage aux fonds européens. A la suite de notre article du 28 mars dernier, Jean-Jacques Robin, directeur d’Aqua Mater (ex Mayotte Aquaculture) qui proposait un projet ambitieux de 2.000 tonnes par an, nous avait contactés depuis Monaco où il réside : « Contrairement à ce que dit Régis Masséaux, nous sommes encore bien présent sur le marché. Mais nous n’avons pas touché un seul euro depuis 2014. Or, l’Europe ne rembourse qu’après investissement. A La Réunion, c’est la Banque Publique d’Investissement qui a avancé les fonds pendant les deux ans de gestation d’un alevin, ici, son avance de 70.000 euros est conditionnée à l’accord du Parc Naturel Marin. »
Trouver le juste rendement
Or, ce dernier se refuse à accepter une aquaculture intensive, c’est pourquoi Régis Masséeaux qui a la double casquette de vice-président et de force de proposition de l’avenir de l’aquaculture, évoque une aquaculture à faible rendement.
Jean-Jacques Robin, qui avec Jean-Claude Pastorelli, est sur le coup depuis 2011, en ayant usé tous les préfets qui se plaignaient de flou dans leur dossier, ne lâche pas le morceau : « IFREMER valide une production pouvant aller jusqu’à 20.000 tonnes par an. Mais le Parc Naturel Marin bloque tout. » Aqua Mater n’a pas non plus obtenu le renouvellement de son Autorisation d’occupation du territoire (AOT), condition pour exploiter et d’obtenir des prêts bancaires.
Retaper l’écloserie et créer une nurserie
Les Affaires maritimes ont repris le dossier et travaillent sur un projet d’arrêté de consultation publique pour une culture marine. Il faut réorganiser toute la filière. Il n’y a plus d’écloserie, Aquamay de Dominique Marot à Koungou ayant fait l’objet d’une mise en liquidation judiciaire. Le conseil départemental qui en avait racheté les bâtiments, les a mis en vente. Le nouvel exploitant devra les racheter et les remettre aux normes.
Il faut également en urgence monter une nurserie, et Jean-Jacques Robin se dit dans les starting-blocks, pour élever les alevins qui seront achetés à Hydro Réunion.
En dehors du syndicat des aquaculteurs, ce n’est donc pas la franche entente entre les professionnels, la mise en concurrence de la concession par l’Etat devrait assainir le secteur.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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