Non. Finalement, les élèves du collège de Mtsangamouji ne sont pas retournés en cours ce mercredi matin. Alors que les discussions menées ce mardi au vice-rectorat laissaient entrevoir un retour à la normale, la situation s’est à nouveau bloquée ce mercredi matin. Face à l’absence de nouvelles propositions mais aussi d’équipes mobiles de sécurité (EMS) devant le collège, les enseignants ont maintenu leur droit de retrait et les parents ont gardé leurs enfants à la maison. Seuls, 12 collégiens avaient rejoint l’établissement ce mercredi en milieu de matinée.
Cela fait maintenant 8 jours qu’une grande partie des enseignants mais aussi des surveillants ou des membres de la vie scolaire exercent leur droit de retrait. Dans un communiqué diffusé ce mercredi après-midi, le vice-rectorat dénonce «le caractère inadmissible de l’insécurité qui règne dans et aux abords de l’établissement» mais il n’annonce pas de mesures très claires.
«Madame le Vice-recteur fait remarquer que c’est par un engagement de tous que des solutions peuvent être apportées au problème de la sécurité», indique le communiqué, qui évoque «augmentation du nombre des EMS ; fonctionnement des médiateurs scolaires ; rôle de la direction ; mise en œuvre effective de l’échelle des sanctions jusqu’à la possibilité d’exclure définitivement des élèves de plus de 16 ans», sans plus de détail.
Elle confirme tout de même une liste de travaux, en cours ou programmés, qui comprend l’installation de la vidéo surveillance, le renforcement des clôtures, la création d’un sas d’entrée, l’extension des bâtiments. Nathalie Costantini «se rendra dès vendredi dans l’établissement où lui seront présentés entre autres les outils qui auront été élaborés». Le vice-rectorat n’a pas précisé l’heure du déplacement, peut-être pour éviter un comité d’accueil qui pourrait lui être réservé.
Le lycée «provisoire» de Chirongui face au vieillissement
Droit de retrait également au lycée polyvalent (LPO) de Chirongui, mais pour d’autres raisons. Le corps enseignant a envoyé à la vice-recteur des questions précises et a préparé un long dossier détaillant la dégradation potentiellement dangereuse de l’établissement. «En l’absence de réponse de la part du vice-rectorat dans les délais impartis par la loi, notre droit de retrait est considéré comme justifié», ont fait savoir les enseignants ce mercredi. «Nous exigeons donc de connaitre les mesures prises pour remédier aux dangers graves et imminents signalés».
Le dossier élaboré par les professeurs permet de se remémorer le fait que le Lycée Tani Malandi de Chirongui a été ouvert en 2008 dans des locaux… provisoires. L’établissement a été autorisé à s’installer en zone inondable pour une durée de vie de 6 ans. Pourtant, 9 ans après, les algécos qui constituent l’intégralité du lycée sont toujours là et l’établissement en dur n’a toujours pas vu le jour.
Des élèves qui construisent leurs ateliers
Logiquement, les structures provisoires connaissent une dégradation qui s’accélère. Les enseignants décrivent l’air «saturé de moisissure et d’humidité chaque matin» faute de vide sanitaire sous les algécos, les toilettes qui refluent, les toitures et les planchers pourris, de quoi occasionner des accidents, «certains assez sérieux pour occasionner des blessures (entorses, foulures, hématomes)». Les sols sont dégradés au point d’y trouver «des trous de la taille d’une personne, les chaises passent à travers et on voit de l’herbe et des champignons (!)»
Le cas des locaux des sections professionnelles mérite également d’être raconté. Figurez-vous que les différentes sections (plaquistes, couvreurs, aménagement, bijouterie…) ayant ouvert les unes après les autres sans local spécifique, ce sont… les élèves, avec leurs professeurs, qui ont petit à petit agrandi ou construit ex nihilo les ateliers. «Aucune de ces constructions n’a bien entendu reçu de permis de construire ni n’est conforme aux normes en vigueur concernant les locaux en charge d’un public», relèvent les enseignants.
Deux mouvements ce jeudi
Pas d’espace pour la restauration, pas de CDI, pas assez de vestiaire… là encore la liste des anormalités est interminable et les dégradations nombreuses.
Pour sortir d’une «politique de réparation sans fin», les pétitions des personnels et des parents d’élèves se sont succédés jusqu’à ce droit de retrait des professeurs qui rappellent qu’ils sont «considérés comme responsables d’un accident s’il survient alors qu’ils ont connaissance d’un danger».
Les élus ont été alertés mais le vice-rectorat n’a donc pas encore répondu. Le risque est à présent de voir la situation se transformer en une grève illimitée, évoquée par certains (pas par le SNES), pour obtenir les mises en conformité, restructurations et constructions attendues depuis tant d’années. L’autre risque est de voir la crise se propager à d’autres établissements.
Une assemblée générale est prévue à 17 heures à la mairie de Chirongui avec les personnels et les parents d’élèves ce jeudi, une journée particulière où les deux établissements vivront donc au rythme d’un double mouvement.
RR
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