Il manque un os au squelette Oscar qu’affectionnent tous les élèves de SVT ? Pas grave, Mathurin et Lucie vont le fabriquer avec l’imprimante 3D. Vous voulez avoir une idée des recoins de l’établissement avant d’y inscrire votre ado ? Chaussez les lunettes 3D, et découvrez la vue sur le lagon depuis les hauteurs.
Ils sont une quinzaine à avoir des look de professeur Tournesol qui aurait fait une bonne blague : des élèves de 3ème, de seconde, de première, Terminale et BTS, fous de nouvelles technologies et dans le droit fil du « C’est pas sorcier » de Jamie, manient lunettes et caméras 3D en en tirant la substantifique moelle. Ils ont associé à leurs expérimentations le collège Boueni Mtiti de Petite Terre.
Trois enseignants de maths et physique, encadrent, enfin tentent de suivre plutôt, les élèves : « Tout ce qu’ils ont réalisé, est le produit de leur seul travail. Nous ne les avons pas portés, ce n’est pas du fictif ! On savait qu’on pouvait être dépassés, mais ça fait partie de la confiance que nous mettons dans les élèves », expliquent de concert Thibault et Cendrine Monnet et Jean-Luc Bossert.
Après les fadettes, les « Phablettes »
C’est l’Aspal, l’association de parents d’élèves du lycée qui a été le moteur et qui a quasiment tout financé. Sa présidente, Cécile Perron, a délaissé pour l’occasion sa casquette au Parc Naturel Marin, et nous explique la démarche : « Il y a 4 ans, nous sommes passés des manuels papier au numérique, avec plus ou moins de réussite. Certains enseignants n’adhéraient pas, et des élèves préféraient jouer avec leurs tablettes plutôt que travailler. Des professeurs ont proposé des « Phablettes », un mix entre l’iPhone et la tablette, en poursuivant sur la 3D ».
Il y a bien quelques hésitations, pour ne pas dire des beugs : quand on imagine qu’Oscar le squelette prend son pied en 3D, il est en fait doté de deux pieds droits. « Nous n’avons pu transposer aucun modèle de pied gauche de squelette, même par effet de miroir ça n’a pas marché », explique les lycéens.
Par contre, Jacques Gorisse, le principal du lycée de Petite Terre, est tout prés d’avoir son buste dans la cour d’école : un élève s’applique à le scanner en 3D, « il faut aller très lentement, c’est la difficulté. »
Arrêt sur langage
Avec un budget de 15.000 euros, l’association de parents d’élève a acheté une imprimante 3D, le scanner qui va avec, la caméra 360° giroptic, « elle a été très récemment mise sur le marché en France », souligne Cécile Perron. Ainsi que deux autres imprimantes 3D, mais en kit que les élèves ont montées, « c’était comme un puzzle », répond celui qui s’en est chargé.
« Je vous en prie, essayez-les ! », Inssa nous présente les lunettes 3D qui révèle le film en 3D de leur établissement, transposé grâce au logiciel téléchargé. C’est là que Karim, en Terminale S, nous abreuve de HTML et de CSS3. Nous arrivons à dégager en mots simples son problème : « Il faut arriver à télécharger le film, ça prend des heures. Il faudrait faire une vidéo en arrêt sur image. » Avec Ymad, il a conçu le site du club 3D, club3D.comeze.com, « comment tu a fait tout ça en si peu de temps ?! », s’exclame un prof. Ne cherchez pas, Karim, il a ça dans le sang.
La vice-recteur Nathalie Costantini nage dans le bonheur, qu’elle veut poursuivre : « Nous allons développer ce concept, les ordinateurs sont déjà achetés. L’objectif est de permettre un enseignement à plusieurs vitesses, « certains pourront travailler seuls, pendant que l’enseignant avancera plus lentement avec d’autres. C’est aussi ce qui va permettre les ‘classes inversées’, qui vont imposer de travailler chez soi les matières avant de suivre un cours d’application en classe. » Un dispositif qui implique une grande autonomie des élèves, « c’est à préparer avec eux. »
Et les objets sont ce que vous en ferez : vous voulez vous implanter une dent bleue-azur comme le corail de Samir tient à la main, il suffit de mettre un fil de la couleur adéquate dans l’imprimante, et d’appuyer sur le bouton.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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