Ce n’est pas un colloque de plus sur la religion, mais une réflexion élargie à l’identité de la population dont le patrimoine et la culture sont imprégnés par l’islam. « C’est un événement tourné davantage vers les Mahorais, destiné à redonner des repères à une société qui les perd peu à peu », explique Younoussa Abaine, Directeur de la Médiation et de la Cohésion sociale qui organise ce méga événement à la suite d’une commande des élus du conseil départemental.
« Les jeunes mahorais ne doivent pas se laisser fasciner par les dérives au nom de l’islam. Or, ceux qui s’adonnent à des violences aux abords des établissements scolaires, n’ont plus de repères et risquent de rejoindre la violence barbare dont on entend régulièrement parler », met en garde Younoussa Abaine.
95% de la population est de confession musulmane à Mayotte, voilà qui parle à n’importe quel métropolitain. « Compte tenu des enjeux du monde actuel, le Département veut préconiser le vivre-ensemble, la cohésion sociale, où tout le monde peut se retrouver. Face aux dérives du monde, Mayotte veut montrer sa pratique de l’islam et la civilisation qui en découle. Le Prophète Mahomet vivait lui-même avec tout le monde. »
L’éducation et l’école coranique
Les intervenants de ces 8 et 9 juillet 2017 sont des éminences grises dans leurs domaines. Jean-Claude Penrad, Maître de Conférences à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en sciences sociales: anthropologue, spécialiste des Sociétés musulmanes de l’Afrique orientale et de l’océan Indien occidental et du soufisme et Eric Geofroy, Maître de Conférences à l’Université de Strasbourg, islamologue spécialiste du soufisme, interviendront lors de la 1ère conférence sur « La singularité de l’islam à Mayotte », en la présence de Chamsidine Kordjee et Abdelaziz Saret, président de la FMDO (Fédération des organismes démocratiques marocains). Elle se tiendra à la salle de réunion du SMIAM, après l’inauguration au cinéma Alpa Joe.
Adrien Liettes, Maître de conférences à l’Université de la Sorbonne, islamologue, spécialiste de la pensée islamique (notamment l’imam al-Ghazali) et Larbi Becheri, Docteur en islamologie de l’Université Aix-Marseille, Doyen de l’IESH de Château Chinon, spécialiste de fiqh et Usul al-fiqh et Membre du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche, de l’Union Internationale des savants musulmans, sur la conférence sur « La place de l’islam dans la République et à Mayotte », salle de réunion de la mairie de Mamoudzou.
Enfin, pour parler de « L’éducation : transmission du savoir, école coranique », sont invités Bajrafil Mohamed-Soyir, docteur en Linguistique de l’Université Paris 7, Chercheur Associé au Laboratoire de Linguistique Formelle (Université Paris 7 et CNRS), imam, Secrétaire Général du Conseil Théologique Musulman de France, spécialiste de fiqh shafiite et Usul, le Docteur Ahmed Djaballah, doyen de l’IESH, Paris, Président du Conseil Théologique Musulman de France, Secrétaire Général Adjoint du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche, expert auprès du Conseil Juridique Islamique de Djeddah et docteur en droit canon coranique de la Sorbonne, diplômé de l’Université Zaytouna (en Tunisie) et imam et Isamël Bagate (La Réunion)/ Maoulana Ismael (Saint Louis), salle DRH du conseil départemental.
La chance de pouvoir étudier
L’organisation de ce colloque d’un coût de 50.000 euros financés par le Département, se fait en partenariat avec le Directeur de L’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, le Centre islamique de La Réunion, l’Institut de Château Chinon et le conseil de l’Europe.
Plus proche du terrain, un autre projet est mis en place par la Direction de la Cohésion sociale et de la Médiation, celui de séminaires intervillageois, sur la parentalité, la réussite scolaire, la délinquance l’éducation, « de la discussion jaillit la lumière, or, dans les villages, on n’a plus de débat de fond. Je suis intervenu auprès de l’association de parents d’élèves de Mamoudzou, et j’y ai vu des parents dépassés. Notre intervention a été saluée par les élèves et le proviseur du lycée. »
Des experts de l’Education nationale, des sociologues des associations seront associés. « Pourquoi les enfants, avec tous les moyens qu’ils ont, ne s’intéressent pas à l’école et finissent par décrocher ? Quand on regarde le contexte à Anjouan, on voit qu’ils ont une chance inouïe d’avoir des professeurs payés et des établissements scolaires avec les conditions que nous connaissons », met en perspective Younoussa Abaine.
Des rencontres intervillages au cours desquelles « aucun sujet ne sera tabou », prévient-il.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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