La CMA veut lancer un Centre d’Aide à la décision et à l’Apprentissage. Malgré les vœux du précédent gouvernement, l’apprentissage reste un parent pauvre en France, et très pauvre à Mayotte. Les Unités de formations à l’Apprentissage dépérissaient en attendant pendant des années la mise en place de leur organisme centralisateur, le CFA de Dzoumogné.
« Les jeunes qui veulent aller en apprentissage, par exemple en coiffure ou en couture, sont souvent orientés par défaut à Mayotte, vers les filières où il reste de la place, même s’il ne l’ont pas choisie. Il faut les accompagner vers leurs vœux, qu’ils les amènent à Mayotte, à La Réunion ou en métropole. », explique Jean-Denis Larroze, secrétaire général de la CMA, pour justifier la création de ce centre d’aide à la décision.
Dans leur prévisionnel, 1.250 jeunes à orienter, pris en charge pendant 21 mois. Un projet de 200.000 euros pour lequel la CMA a demandé un accompagnement, auquel n’a pas répondu le conseil départemental. N’oublions pas que la filière boucherie a fermé pour cette raison, alors que tous les diplômés avaient décroché un emploi comme il l’avait expliqué un peu plus tôt.
La banque à la rescousse
« Le dossier de fonds européen FSE a été déposé en février, mais nous n’avons toujours pas de réponse. On nous dit qu’il faut sortir des projets parce qu’il y a des fonds, mais il faudrait que ceux qui donnent leur accord se bougent ! » Sans compter qu’il faut former les maîtres d’apprentissage, « 108 professionnels sont visés », et les formateurs de formateurs, pour conserver de la compétence sur le secteur, « 817 hommes et 143 femmes sont concernés par le projet. »
Autre projet à être potentiellement concerné par les fonds européens, la Pépinière d’entreprises, « projet en gestation chez nous depuis 2003 ! », lance le président de la CMA, Soulaimana Salime. C’est le fonds européens Feder qui est ciblé pour les 700.000 euros nécessaires. Sous condition de posséder un titre de propriété. « Mais nous ne pouvons acheter sans finances », relève Jean-Denis Larroze qui annonce le déblocage d’un prêt relais par une banque, « faute de conseil régional qui nous accompagnerait comme à La Réunion. » Une pépinière qui impose de bien choisir les 8 entreprises au démarrage, « leur compétitivité assurera la survie de la pépinière. »
Des débouchés régionaux pour nos artisans
Le 5ème Forum des métiers sera décalé en septembre en raison du ramadan, « mais nous n’arrivons pas à obtenir l’accord de la mairie de Mamoudzou qui voudrait le transférer sur le terre-plein de Mtsapéré, alors que nous avons l’accord du Département pour la place de la République, comme tous les ans. C’est central, et nous avons des délégations étrangères à valoriser, notamment les Mauriciens. » Le succès avait été au rendez-vous en 2016 avec 147.000 entrées.
La Chambre participe au Grand Bwenesso, cette foire de l’artisanat du CDTM qui se tient le dernier samedi de chaque mois, mais qui n’a pas encore réellement trouvé son public.
Le déplacement à la Foire Internationale de Madagascar (FIM) a été un succès selon l’équipe de la CMA, « deux accords de partenariats ont été signés, l’un avec un artisan de couture Mahorais, et l’autre avec Touch’ du bois, qui a décroché un accord avec le Louvre hôtel, un grand hôtel de Tananarive. »
Mystère autour d’un gros investisseur malgache
Le combat pour la facilitation de l’obtention des visas est en passe d’être gagné, « le service visas pour les artisans malgaches a fonctionné à 80%, nous allons poursuivre l’action pour les comoriens, en cadrant tout ça pour ne pas dupliquer les erreurs commises avec les footballeurs ! » Qui s’étaient dispersés dans la nature à La Réunion après les Jeux des Iles refusant de retourner aux Comores.
La réunion de travail dans le cadre de la soirée du Carrefour des entrepreneurs a permis de démarcher “un très gros investisseur malgache qui souhaite s’installer à Mayotte », mais Jean-Denis Larroze n’en dira pas plus. Un projet de formation Esthétique est en cours en partenariat avec Loréal, et le projet du Centre de recherches en matériaux locaux et du bâtiment a été sélectionné par le Club export, « nous avons de bons espoirs d’avancées prochaines. »
Las fonds européens donnent donc de l’espoir à ces projets portés pour certains de longue date, et qui seraient garantis s’ils étaient cofinancés pour une petite partie, par le conseil départemental, « de la parole aux actes, il faut toujours passer par les finances », concluaient président et secrétaire général.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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