Tous les ans, c’est le casse-tête pour trouver de la place en lycée. Nathalie vient d’en faire la première expérience. Arrivée à Mayotte en 2015 comme contractuelle de l’Education Nationale, elle tente d’inscrire sa fille qui vient d’obtenir le Brevet des collèges, en classe de seconde. Théoriquement, les affectations sont délivrées au sein de l’établissement, mais plusieurs élèves ont eu la désagréable surprise de n’avoir rien obtenu.
Quelques parents, non affiliés à une centrale comme elle, se sont rendus au vice-rectorat ce lundi matin, après être passés au Centre d’Information et d’orientation (CIO). C’est sans véhémence qu’elle dresse le bilan de ses démarches : « Notre interlocuteur du vice-rectorat nous a renvoyés vers les établissements scolaires. Mais à Pamandzi, le proviseur du lycée nous explique que les classes sont déjà constituées, et qu’il ne peut aller au delà d’un effectif de 35. Nous avons appris qu’ils sont 280 élèves sans affectation en 2de à Koungou, et 1.700 sur l’ensemble de l’île. »
Un avant-goût de vagues au moment des vacances
En faisant jouer ses relations, elle nous explique avoir obtenu un dossier d’inscription, « mais comment vont faire les autres ? Certains doivent attendre le mois d’août pour savoir s’ils seront pris », s’inquiète-t-elle. Tout en s’interrogeant sur cet élément qui va en rajouter sur le manque d’attractivité de l’île : « On nous fait venir de métropole, mais sans certitude que nos enfants soient scolarisés. Des gendarmes seraient dans ce cas. »
Pour le vice-rectorat, c’est un marronnier transplanté sur la France entière. Mickaël Tertrais, le tout nouveau Secrétaire général du vice-rectorat, fait part de son expérience : « A Rennes où j’exerçais jusqu’à présent, il y avait début juillet 2016, 650 élèves non affectés. C’est toujours le cas lors de la première vague d’affectation, il y en aura d’autres. » Il n’a encore aucun chiffre précis dans ses tablettes, nous fait-il savoir, mais le nombre de 1.700 non affectés ne pourrait concerner que l’ensemble des non affectations, « notamment vers la première. »
Retard à l’allumage des réacteurs
Il se veut rassurant sur la capacité des classes à absorber ceux qui restent en attente, « habituellement, seuls 87% des effectifs de seconde partent en première, les défections vont laisser de la place. Les vagues d’inscriptions se feront jusqu’à la rentrée. » Il indique que lors de la dernière rentrée « tous les élèves de moins de 16 ans ont été affectés », ce qui signifie que « des dispositifs parallèles peuvent être proposés » aux plus âgés.
Autre sujet de mécontentement : à quelques jours du départ en vacances, les cours se terminant le 7 juillet, certains enseignants n’ont pas reçu leurs billets d’avion, « mon mari qui est salarié, attend de connaître mes dates pour poser ses vacances », nous explique Virginie. Présente elle aussi ce matin au vice-rectorat, elle expliquait ne pas être seule dans ce cas.
En effet, selon Denis Lacouture, qui part à la retraite après avoir assumé le poste de Secrétaire Général du Vice Rectorat, « 800 billets ont été émis sur 1.200 personnes concernées. Nous travaillons avec Selectour Afat, le prestataire qui avait remporté le marché renouvelé tous les deux ans. Et nous avons le même problème d’émission tardive des billets, en particulier sur des personnes qui ont modifié leurs dates. Mais tout le monde partira à temps. »
Pour les ex-collégiens, les parents devront donc prendre leur mal en patience, et espérer pouvoir surfer sur la prochaine vague d’affectation pour leur futur lycéen.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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