A propos de l’action sociale en Petite Terre.
« Où sont les travailleurs sociaux du Département en Petite terre ? Avec quels outils et sur quels publics travaillent-ils ? Quid de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance, quid de l’Action sociale de polyvalence, quid de la gérontologie, quid du handicap, quid de l’action logement ? L’UTAS de Petite Terre est vide de compétence et d’équipements.”
Issa Issa Abdou : « J’en conviens, il n’y a pas assez de travailleurs sociaux en Petite Terre, comme partout. Mais nous sommes à Pamandzi dans une situation transitoire. Les travailleurs sociaux de Labattoir ont été rapatriés à la PMI de Pamandzi en attendant la construction d’un bâtiment dédié. Notre objectif est de créer un Centre médico-social en Petite Terre, puis ailleurs sur le territoire. J’évoquerai plus tard le problème généralisé du manque d’effectif.
A propos de la polyvalence, elle a été transférée à la Direction de l’Autonomie et de l’Inclusion pour cause de redondance de moyens.
En ce qui concerne la gérontologie et le handicap, nous avons du produire le Schéma de l’Autonomie et de l’Inclusion, ce qui n’avait jamais été fait, alors qu’il permet d’évaluer les besoins. Et ils sont arrivés avec une augmentation significative des allocations APA et APCH.
Enfin, sur l’action logement, nous avons cosigné avec l’Etat le dispositif FRAFRU, le Fond Régional d’Aménagement Foncier Urbain, et le président du Département préside le Conseil Départemental de l’Habitat et de l’Hébergement où nous étudions les critères d’attributions des LAS et LATS. »
“Où sont les 42 millions d’euros de la Protection de l’Enfance ?”
Issa Issa Abdou : « J’ai déjà répondu à de multiples reprises, mais cela va me permettre d’aborder le manque criant de moyens humains et matériels de l’Aide sociale à l’Enfance et des PMI. Déjà, nous pouvons nous féliciter d’avoir obtenu cette enveloppe, dont 15 millions d’euros sont alloués au fonctionnement.
Les acteurs sociaux voudraient voir arriver ces fonds immédiatement, je les comprends. Mais nous avons voté le budget annexe le mois dernier seulement. Il est actuellement examiné par le contrôle de légalité de la préfecture, qui peut l’adresser à la Chambre régionale des Comptes. Autant de délais supplémentaires.
Une fois qu’il reviendra chez nous, nous devrons agir rapidement. C’est pourquoi j’ai demandé une certaine autonomie vis à vis de l’administration générale, tout en lui rendant compte. Et je viens d’avoir ce mercredi une bonne nouvelle, nous allons pouvoir lancer nous-mêmes les appels à candidatures. Evitant une lourdeur pénalisante : pour les PMI, certains infirmiers avaient passés des entretiens il y a longtemps et ne sont pas encore recrutés.
J’estime pouvoir démarrer 2018 avec l’ensemble des recrutements opérationnels. »
Comment le Conseil départemental se positionne face à la montée de la délinquance ? Comment expliquer son absence systématique lors des réunions partenariales du CLSPD* ou des instances sociales locales ? Comment expliquer son absence aux conseils d’administration des collèges où sont évoqués les problèmes quotidiens ?
Issa Issa Abdou : « Je n’ai pas été convié au CISPD de Petite Terre dont les médias se sont fait l’écho, sinon, j’y vais systématiquement. Face à la montée de la délinquance, je dirais que chacun a sa partition à jouer. Nous devons assumer notre part sur la question de l’enfance, mais l’Etat doit assumer la sienne sur sa mission régalienne de l’immigration. Avec Dominique Fossat, le sous-préfet à la cohésion sociale, nous réfléchissons à une action commune sur la parentalité par le Centre Départemental d’Accès au Droit ou la Mission locale. Mais avant tout, les parents doivent jouer leur rôle : c’est à eux d’enlever le couteau du sac de leur enfant avant qu’il soit contrôlé par un surveillant.
A propos des conseils d’administration des collèges, nous n’y allons pas toujours, c’est à rectifier. »
A propos des PMI.
Pourquoi inaugurer de nouvelles PMI alors que l’existant ne fonctionne pas par manque de personnel ? Avez-vous rencontré le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) et le préfet sur la question du fonctionnement et du financement des PMI ?
Issa Issa Abdou : « Pour commencer, les PMI existantes ne sont pas aux normes, les murs menacent de tomber, leur rénovation est indispensable, comme nous l’a demandé le personnel. Le terrassement a commencé pour certaines, des travaux engagés grâce aux 20 millions d’euros pris sur les 42 millions de l’ASE. Mais nous avons de bonnes raisons d’espérer avoir une compensation sur les PMI aussi.
Quant au manque de personnel, le problème est le même que dans les UTAS, le budget est encours d’examen par la préfecture.
On parle à Mayotte de désert médical, mais c’est pire, c’est un désastre médical ! Comprenons bien les obstacles : j’avais lancé un premier appel à candidature, infructueux par absence de réponse, un second, plus positif puisque des médecins se sont installés. Mais ils parlent de repartir après avoir été cambriolés plusieurs fois.
Nous devons organiser des formations de médecins sur le territoire, au moins en 1ère année, et demander au gouvernement de faire sauter un numerus clausus dont le quota nous englobe avec La Réunion. Allons-nous continuer longtemps comme ça ?!
Dans une situation de crise, il ne faut se fermer à aucune solution, y compris à la formation de médecins en Roumanie. Et surtout, se doter d’une ARS Mayotte, d’un rectorat et d’une université propre, comme toute vraie Région.
Je travaille avec la nouvelle directrice du CHM sur deux axes : l’optimisation des médecins pour les PMI, et la télémédecine. »
Une conclusion ?
Issa Issa Abdou : « Oui. Je peux dire que le social a fait un bond en avant extraordinaire, nous sommes à bien plus de 10% du budget, situation que j’ai trouvée en arrivant. Avec les dizaines de millions d’euros obtenus, nous allons passer de l’ombre à la lumière. L’exigence qui en découle tire vers le haut toute l’organisation de la maison Département, même s’il y a encore un gros travail à faire pour être dans le concret. Mais nous nous y dirigeons, dans l’intérêt des Mahorais. »
Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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