Ses partisans se félicitent de ses prises de parole sur la situation mahoraise très médiatisées dans la presse nationale, ses détracteurs l’accusent de forcer les traits, Mansour Kamardine commence donc son interview par des chiffres. Interrogé par Daoud Boughezala, le rédacteur en chef de Causeur, le député Mahorais rappelle le contexte, 52% de la population d’origine « clandestine », et à « 95% originaire d’Anjouan », qui viennent pour « profiter des écoles et des soins médicaux gratuits. »
Il accuse une négligence coupable de la part de la France, qui « ferme les yeux et ne repousse pas les émigrés clandestins avec vigueur, ce qui permet de calmer les revendications territoriales des Comores. Paris se contente de faire un peu de gesticulation pour calmer les Mahorais, sans mettre fin à l’immigration illégale. »
Accusant déjà le détenteur du visa Balladur de rester à Mayotte, Mansour Kamardine agite le chiffon rouge d’une fusion avec Anjouan que provoquerait ce visa Outre-mer, dont on ne connaît pas encore les caractéristiques précises : « Plus de 80% de la population anjouanaise se retrouverait à Mayotte par le jeu du regroupement familial ! On est dans une perspective d’envahissement. »
Les outre-mer gérés par « la peur du désordre »
Alors que la ministre Girardin y voit la possibilité de garantir la circulation légale inter-îles, en évoquant un renforcement des contrôles, le député LR accuse le gouvernement de mettre en place une « politique de remplacement qui ferait de Mayotte un territoire comorien ! »
En laissant les kwassas entrer par les deux seules passes du lagon, et l’état des bateaux de la Police aux frontières (PAF) en est à l’origine, l’Etat est accusé d’ « inaction » : « Une main invisible organise le laisser-faire puis arrive avec un projet de régularisation des clandestins. »
A la fin de l’interview, il assène une de ses phrases choc qui font aussi la réputation de celui qui exerce la profession d’avocat. Revenant en détail sur sa réforme phare d’un précédent mandat, dans un département musulman : l’abolition de la polygamie, en 2003, il évoque le paradoxe qui avait amené une forte opposition nationale et non locale à s’exprimer, Matignon craignant que cela n’engendre du désordre. Au conseil du premier ministre, Mansour aura répondu que « ceux qui avaient peur du désordre ne devraient pas se présenter à une élection ».
On connaît donc son positionnement officiel vis-à-vis du visa Outre-mer, qui risque de trouver un large écho au sein de la population Mahoraise. Et cela au moment même où il est mis sur la table des discussions diplomatiques avec l’Union des Comores en échange d’un contrôle des frontières.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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