A un mois des municipales, le déroulement des élections à Chirongui connait déjà un tour judiciaire. Electeurs fantômes, doublons, inscriptions incomplètes, le tribunal se penchait sur la sincérité des listes électorales de la commune.
Mayotte n’en a pas fini avec les controverses liées aux listes électorales. Ce mardi, ce sont les électeurs de la commune de Chirongui sur lesquels la justice se penchaient. Dans la salle d’audience de Kaweni, trop petite pour l’occasion, une centaine de personnes était venue défendre son statut d’électeur dans la commune. Quelques unes venaient justifier de leur cas personnel pour intégrer ou réintégrer les listes électorales. Mais La plupart répondaient à une requête déposée par la liste «La droite solidaire» menée par Abdoul Karim Soulaimana.
«50 personnes inscrites dans quelques maisons»
Les membres de la liste affirment avoir épluché, comme la loi les y autorise, le listing des électeurs nouvellement inscrits sur la commune. Ils y auraient repéré 165 personnes non identifiées. «Moi, je vis depuis toujours dans le village de Chirongui, explique Insya Daoudou, membre de la liste «La droite solidaire». Alors que je pense connaître tout le monde, il y a des gens inscrits dont je n’ai strictement jamais entendu parler. Et puis, il y a des choses bizarres. Dans la rue de La Poste, qui est une petite impasse avec quelques maisons, on trouve une cinquantaine de personnes inscrites qui habiteraient là. On demande à la justice de nous dire où elles sont.»
Pour le candidat Gilles Martin, la situation se répèterait comme dans la «rue PPF», une impasse d’une quarantaine de mètres de long où beaucoup de personnes seraient étonnamment domiciliées.
«C’est un jour historique, explique la tête de liste Abdoul Karim Soulaimana. Nous donnons la possibilité à la justice de donner ses lettres de noblesses à la démocratie à Mayotte. Ces pratiques d’un autre temps, il faut qu’elles cessent !»
La tête de liste reconnaissait tout de même des limites à l’exercice. Depuis le dépôt de la requête, trente personnes ont été finalement identifiées. La confusion venait du fait d’une inscription dans un autre village de la commune que celui dans lequel elles résident ou plus simplement d’un changement de nom. «Mais beaucoup de ces 165 vont être radiés», assuraient des candidats de «La droite solidaire».
La commission électorale décriée
Ce n’est pas spécifiquement la mairie ou Roukia Lahadji, la maire de Chirongui, qui sont visées, mais la commission de révision des listes électorales. «Il y a une commission avec un représentant du maire, un de la préfecture et un autre du tribunal. C’était à eux de vérifier si ces gens remplissent les conditions pour voter à Chirongui. C’est contre cette commission qu’on a porté plainte», précise M. Soulaimana. «Ca va réduire le risque de recours après l’élection.»
Dans la salle d’audience où le Président avait bien du mal à maintenir le silence, chaque cas était appelé l’un après l’autre. Une liste interminable qui permettait à ceux qui s’étaient déplacés de présenter des attestations de domiciliation dans la commune.
Alors que Chirongui compte environ 4.000 électeurs, l’enjeu est important. «Lors du précédent scrutin municipal, l’élection s’est jouée à une centaine de voix», relevait Gilles Martin.
Le tribunal doit rendre sa décision le vendredi 7 mars.
RR
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