“Depuis le sommet de la Terre en 1992 à Rio, la biodiversité est devenue un enjeu planétaire” expose le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani lors du colloque sur la biodiversité qui s’est ouvert ce lundi matin à Mamoudzou.
Pour cette rencontre où les cinq départements d’outre-mer sont rassemblés, chaque délégation vient présenter les mesures prises sur son propre territoire, et expose les problématiques qui lui sont propres.
Mais l’écologie n’est pas qu’une affaire d’amoureux des plantes. La biodiversité représente un vivier économique majeur dans l’outre-mer. Ainsi en Martinique, le tourisme vert et bleu représente 67 millions d’euros par an. La pêche, 28 millions d’euros. En outre, les récifs et écosystèmes côtiers protègent les routes de l’érosion, faisant économiser 66 millions d’euros par an. En tout, le patrimoine naturel pèse 245 millions en Martinique, contre 28 millions à Mayotte, selon Madi Vita, de la CCI Mayotte. “Au delà des élus, c’est l’ensemble de la population qui doit être éveillée et sensibilisée, pour cela, la jeunesse de Mayotte est un atout”.
“Il faut que les élus se liguent”
Compter sur les jeunes de Mayotte pour faire circuler les notions d’enjeu environnemental, ça semble être une évidence. Mais les réalités de la vie quotidienne rendent peu audibles les urgences écologiques du 101e département.
Alors que nous partagions un article sur une plante unique au monde qui a été découverte à Mayotte, un lecteur réagissait vivement sur Facebook. “Pendant que les gens a Mayotte sont en crise, vous vous parler de plante ‘on s’en bat les c… de cette plante nous” exprimait-il. Une réaction compréhensible pour Anchya Bamana, maire de Sada et présidente du comité de l’eau et de la biodiversité. “Quand on n’a pas à manger, on se soucie peu des plantes à protéger. Il y a la question des besoins de base à satisfaire sur l’île. Mais ces besoins de base nécessitent à long terme la préservation de l’environnement. L’écosystème est nécessaire pour l’avenir de notre propre espèce.”
C’est pourquoi l’élue s’est investie à Sada dans la communication autour des affaires environnementales, notamment via l’opération “Sada nettoye, et toi ?”. Mais la première magistrate, par ailleurs conseillère départementale, reste convaincue que ça ne peut suffire. “On ne peut pas appliquer le droit commun sans avoir les moyens de le faire, il faut que les élus se liguent ensemble, c’est là que ça pêche, y compris pour les questions d’environnement qui paraissent accessoires à cause de ces besoins de base à satisfaire, comme l’éducation des enfants”.
L’élue pointe là une boucle que le colloque inter-DOM aura bien de la peine à fermer : comment donner toute sa place à la sensibilisation des jeunes, quand tous n’ont déjà pas accès à l’école ?
Sans prise en compte globale de ces problématiques, les déboisements par le feu qui ont noirci la pointe Handréma ce dimanche ont de beaux jours devant eux.
Y.D.
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