En février dernier, les maires des communes du nord avaient découvert avec étonnement que Koungou tentait de créer à elle toute seule l’intercommunalité nord. Nous avions alors titré « l’impossible inter-mono-communalité ». Une action pas tout à fait farfelue chez le maire Assani Saindou Bamcolo qui tentait ainsi de donner vie à une intercommunalité qui semble mort-née.
Revenons en arrière et validation par le préfet Morsy le 31 décembre 2015 de la découpe géographique des 5 intercommunalités de l’île. Si Petite Terre joue les précurseurs, au Centre on arrive à trouver un accord. Reste le sud, où ça se chamaille, tout en tentant d’avancer, et le nord où personne ne bouge.
Les autres communes de cette interco, Mtsamboro, Acoua et Bandraboua, accusent Koungou de vouloir tirer la couverture à elle. Et plus particulièrement Bamcolo de rajouter à la présidence d’un SIDEVAM 976 aux enjeux déjà conséquents, celle de l’intercommunalité du nord. Celui-ci fait valoir qu’en terme de poids de population, donc de conseillers communautaires, et d’apport financier, il pèse le plus lourd.
Koungou reine en leur domaine
La Communauté de communes du Nord de Mayotte créée le 31 décembre 2015, fixait la composition et la répartition des 38 sièges du conseil communautaire. La commune la plus importante, Koungou, bénéficie de 19 sièges, Bandraboua 9, Mtsamboro 6 et Acoua 4.
Assani Saindou Bamcolo sait que l’immobilisme ne joue pas en sa faveur, puisque sans élection de conseillers communautaires dans les deux ans qui suivent sa création, une intercommunalité est automatiquement dissoute. C’est pourquoi il avait tenté de mettre en place un conseil communautaire au forceps ce 17 février 2017… Dont il était président, entouré des seuls conseillers de Koungou comme vice-président. Le tout, à Koungou même alors que le siège de l’intercommunalité est officiellement à Bandraboua.
Une légalité logiquement contestée par le préfet, et le tribunal administratif annulait cette élection le 11 avril dernier. Quelques jours après, le maire de Koungou saisissait le conseil d’Etat, lui demandant d’annuler l’annulation…
Hors du GAL
La décision du Conseil d’Etat est tombée le 16 octobre dernier : elle rejette la requête d’Assani Saindou Bamcolo.
Les trois communes Acoua, Mtsamboro et Bandraboua nous avaient expliqué attendre le 31 décembre 2017 que soit enterrée l’intercommunalité aux contours actuels, pour en créer une nouvelle à trois, « le nombre d’habitants minimum est de 15.000 habitants, or nous sommes 22.000. »
Reste à savoir ce que va devenir Koungou. Car elle connaît les mêmes déboires avec le GAL* nord, le Groupe d’Action Local axé sur la recherche de fonds européens pour le développement de l’agriculture, la préservation de l’environnement, la valorisation du patrimoine culturel et l’activité touristique. Le 1er octobre dernier, lors d’une assemblée générale extraordinaire, les membres présent ont exclu Koungou de l’association des communes formée par ses 3 partenaires de l’interco, ainsi que de Mtsangamouji et Tsingoni. La raison invoquée est la même qu’à la tentative de lancement de l’intercommunalité, « manque d’assiduité », nous font-elles savoir. Nous n’avons pas réussi à joindre le maire de Koungou.
Au train où se creuse le fossé autour d’elle, Koungou va-t-elle ressembler à une île ? On sait qu’elle n’est pas à plaindre puisque l’évolution de la fiscalité va être bénéfique à cette commune plus qu’aux autres, mais pourra-t-elle rester indéfiniment éloignée des politiques dynamiques mises en place au risque de ce marginaliser ?
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Trois GAL à Mayotte, nord, centre-Petite Terre et sud
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